Les prix de l’électricité prennent l’ascenseur

Comme annoncé dans les médias, les prix de l’électricité fournie par les grands distributeurs romands ont pris l’ascenseur. Le groupe-e annonce pour 2024 une augmentation moyenne de près de 30%, à Genève c’est 18%, dans les villes vaudoises 12% et à Yverdon 10%.

Une part de ces augmentations (5%) s’explique par l’instauration d’une taxe pour financer les réserves d’électricité décidées par la Confédération dans le but d’éviter les pénuries. Le reste est en grande partie lié à l’augmentation des prix suite à la guerre en Ukraine et au manque de production provenant de France (un grand nombre de centrales nucléaires ont été mises à l’arrêt pour révision).

Il pourrait sembler paradoxal que de telles annonces d’augmentations surviennent alors que les prix sur le marché de gros sont en baisse. Mais cela s’explique par le fait que l’électricité est en grande partie achetée à l’avance ce qui reporte en partie les effets de la crise (automne-hiver 22-23) sur les prix 2024.

Il est aussi à noter que notre facture d’électricité comprend des taxes diverses (utilisation du réseau, etc) qui peuvent représenter 50% de la facture d’un ménage et ne sont pas directement concernées par ces augmentations de prix. L’impact sur nos factures finales d’électricité sera donc moins élevé que les pourcentages annoncés.

 

L’effet du marché libre et de la dépendance vis-à-vis de l’étranger

Dans le cas d’un marché libre (ce qui n’est pas encore possible pour les particuliers en Suisse), les clients peuvent choisir leur fournisseur d’électricité en faisant jouer la concurrence. Cependant, ce système peut engendrer des variations de prix beaucoup plus fortes. En effet, dans un marché libre, les prix ne sont plus régulés par la Confédération. Des opérateurs, en jouant en continu sur l’offre et la demande, parviennent à proposer des prix plus bas. Mais comme ils achètent moins d’avance, lors de crises, ils sont obligés d’acquérir le courant au prix fort pour fournir leurs clients, ce qui peut faire « exploser » la facture.

L’exemple de la commune de St-Prex illustre cette situation. Celle-ci avait opté pour le marché libre pour une bonne part de son électricité (c’est déjà possible pour ceux qui consomment au moins 100’000 kWh/a ). En raison de la crise, la Commune a vu le prix de son électricité augmenter de 1600%. Ses coûts d’électricités sont ainsi passés de 70’000.- à 1,3 millions. Après avoir fait pression en alertant les médias et en portant plainte, la Commune a finalement réussi à trouver un accord avec son fournisseur, mais le prix du kilowattheure est quand même passé de 5 à plus de 30 centimes (6 fois plus).

Au Royaume-Uni, les consommateurs anglais peuvent déjà changer de fournisseur. Ils font leur choix en fonction des prix offerts par de nombreuses sociétés dont certaines ne font qu’acheter de l’électricité sur le marché sans jamais rien produire à l’instar d’un trader de la bourse. Un peu comme pour notre assurance maladie de base, les particuliers sont encouragés chaque année à changer de fournisseur pour opter pour le moins cher du moment. Mais ce système, qui devrait profiter aux consommateurs en faisant jouer la concurrence, est fragile. En effet, avec la forte augmentation du prix du gaz en 2021, 29 fournisseurs ont fait faillite et les fournisseurs restants se sont alors cantonnés à proposer des contrats à prix fixes très proche du prix maximum fixé par l’Etat.

Avec la crise, les prix de l’électricité des particuliers anglais ont quand même augmenté en moyenne de plus de 70% en octobre 2022. Cela s’explique en grande partie par le fait que la Grande-Bretagne produit près de 40% de son électricité avec du gaz ce qui la rend particulièrement dépendante. En conjonction avec l’augmentation du prix du gaz pour le chauffage, de nombreux foyers se sont retrouvés en situation de « précarité énergétique » entraînant des cas dramatiques (poursuites, coupures, privations, etc.). Pour limiter des crises futures, une des solutions envisagées est le développement massif des énergies renouvelables afin de diminuer la dépendance de la Grande-Bretagne aux énergies fossiles et disposer de moyens de productions locaux offrant une plus grande prévisibilité dans les prix; pour preuve, l’intention du gouvernement actuel d’alléger l’interdiction actuelle d’installer des éoliennes terrestres.

 

Un accélérateur de la transition énergétique ?

Il faut espérer que, mis à part l’impact social (précarité, pouvoir d’achat, etc.), ces augmentations de prix permettront d’accélérer les mesures d’économies d’énergie et le recours aux énergies renouvelables. Le municipal de St-Prex n’affirme-t-il pas « On a encore jusqu’à mi-décembre pour négocier. Des mesures vont également être prises par la commune, comme l’installation express de panneaux solaires« …

 

Quelques références en pdf :

Quelques informations et conseils en cette rentrée très spéciale

Cette rentrée scolaire est très particulière pour nous car la question de l’énergie est sur toutes les lèvres et les médias débordent d’informations à ce sujet.

Les enseignant.e.s, les enfants et les jeunes sont tout naturellement aussi confrontés à cette actualité et il s’agit d’être en mesure de répondre à leurs questions de façon étayée, sans dramatisation et, si possible, rebondir sur cette actualité pour promouvoir l’utilisation rationnelle de l’énergie et le développement des énergies renouvelables.

 

Ne pas dramatiser la situation

Au même titre que le réchauffement climatique qui peut créer anxiété (éco anxiété), sentiment d’impuissance et replis sur soi, les perspectives de pénuries énergétiques peuvent aussi avoir un effet paralysant voire angoissant sur la population et particulièrement les enfants.

Si ceux‐ci expriment de l’anxiété, il s’agit de prendre le temps de les écouter et de leur transmettre des arguments réalistes mais positifs, comme par exemple:

  • personne n’est certain que l’on fera face à une grave pénurie. Cela dépendra, par exemple, de la rigueur de l’hiver ou de la capacité de la population à limiter volontairement sa consommation.
  • cette crise est annoncée, elle ne va pas nous surprendre. Les autorités ont pu se préparer depuis des mois à toutes les hypothèses.
  • pour faire face à cette crise, les autorités agiront d’abord sur les entreprises et les aménagements publics avant les ménages.
  • ces inquiétudes et ces réflexions sont peut‐être aussi une chance car elles nous rappellent l’importance de l’énergie et la nécessité de ne pas la gaspiller ainsi que développer des énergies plus propres et locales.
  • Même si personne ne souhaite une crise énergétique, apprendre à vivre avec moins sera peut‐être aussi formateur et riche d’enseignements.

 

 Pouvoir expliquer simplement les raisons de la crise actuelle.

Bien que le thème soit présent tous les jours dans l’actualité, les raisons principales de la crise énergétique ne sont pas forcément claires pour tous.

Pour ce qui est du chauffage, en particulier du gaz naturel, les choses sont assez « simples ». Le conflit armé entre la Russie et l’Ukraine entrave l’alimentation de l’Europe en gaz Russe (il représente 43% du gaz que nous consommons en Suisse).

  • Un des gazoducs principaux qui alimentent l’Europe passe par l’Ukraine.
  • La Russie subit des sanctions et par mesure de rétorsion bloque ses livraisons de gaz à l’Europe.
  • La Suisse est politiquement assez isolée en Europe et il lui est difficile de faire jouer à plein la solidarité avec les autres Etats européens.

Pour ce qui est de l’électricité, les raison sont diverses et pas seulement liées à la crise ukrainienne.

  • Tous les pays d’Europe sont interconnectés et s’échangent leur électricité. Si de l’électricité manque dans un pays, celui‐ci va solliciter son voisin qui à son tour va répercuter cette demande vers d’autres pays voisins et ainsi de suite. Un arrêt de production d’électricité, même éloigné de la Suisse, peut ainsi, au final, nous impacter.
  • Comme une partie de l’électricité en Europe est produite avec du gaz naturel, la production de ces centrales thermiques va manquer au réseau européen.
  • Parallèlement à ce problème lié au conflit Ukrainien, 50% des réacteurs nucléaires français (28 sur 56) sont à l’arrêt notamment pour des questions de sécurité. Certaines centrales pourront redémarrer, mais d’autres verront peut-être leur arrêt prolongé si les problèmes de sécurité ne sont pas résolus.
  • Face à la crise du gaz, certains acteurs pourraient être tentés de se retourner vers l’électricité ce qui ne fera que renforcer la pénurie de courant (chauffage, processus industriel, etc.).
  • On peut aussi citer les centrales nucléaires ukrainiennes qui sont au coeur du conflit et qui seront peut‐être débranchées du réseau (l’Ukraine aura peut‐être ainsi besoin que l’Europe lui fournisse de l’électricité supplémentaire alors que celle‐ci va justement en manquer).
  • A nouveau, la Suisse est assez isolée en Europe. Elle n’est pas parvenue à signer un accord cadre, condition pour un accord dans le domaine de l’électricité. La capacité de stockage de ses barrages est un argument, mais de manière générale chaque Etat risque d’abord se préoccuper de sa population avant de faire preuve de « générosité ».

Le pétrole quant à lui, dispose de possibilités d’acheminement plus diversifiées que le gaz et l’électricité. Ces dernières sont des énergies de réseau (lignes électriques ou gazoduc), leur voies de transport sont donc plus limitées ce qui fragilise leur approvisionnement. Même si la Russie est un grand producteur de pétrole, la pénurie ne semble pas à l’ordre du jour ce d’autant plus que la crise actuelle pèse sur les économies. La croissance de la Chine étant ralentie sa consommation de pétrole est aussi à la baisse.

 

Connaître la différence entre Blackout et pénurie d’électricité

  • Un black‐out correspond à un arrêt de livraison d’électricité alors qu’il n’en manque pas forcément. Cela peut être dû à une panne, une ligne coupée par exemple.
  • Une pénurie, quant à elle, est un manque d’électricité par rapport à la demande.

En cas de risque de pénurie, et pour éviter que des secteurs entiers ne s’arrêtent de fonctionner, l’Etat pourra décider d’arrêter préventivement les consommations de certains secteurs jugés non essentiels. Ce sont d’abord des entreprises et des services publics qui seront impactés. Les foyers ne seront concernés qu’en dernier ressort.

Ref : https://www.swissgrid.ch/fr/home/newsroom/blog/2022/penurie-delectricite-vs-black-out.html

 

Comprendre l’influence majeure du prix des énergies sur l’économie

 Cette situation de grande incertitude influe fortement sur les prix des énergies :

  • Fin août, le prix du gaz naturel européen s’est envolé et a atteint 342,05 euros (329,64 francs) le MWh alors qu’il y a un an il était de 27 euros.
  • A la même période, le prix de l’électricité pour livraison début 2023, culminant vendredi à 950 euros le MWh en Allemagne et à 1300 euros en France. Il y a un an, les prix dans ces deux pays étaient seulement d’environ 85 euros par MWh.
  • Il est important de préciser que le mécanisme de fixation du prix de l’électricité de gros est fixé par rapport au mode de production le plus cher. Avec l’envolée du prix du gaz, c’est le coût des centrales électriques à gaz qui est pris en compte, ce qui fait exploser mécaniquement le prix de l’électricité. En d’autres termes, le prix de l’électricité est fortement influencé par celui du gaz pour des raisons réglementaires.
  • Du côté du pétrole, après une flambée, son prix est un peu redescendu. Il se situe autour des 100$ le baril, soit proche du prix qu’il était avant l’invasion de l’Ukraine. L’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) vient même de décider de diminuer sa production pour éviter que les prix baissent trop. Le prix du pétrole risque donc de rester élevé mais ne devrait pas subir les mêmes augmentations que le gaz ou de l’électricité.

Il est évident qu’un prix très élevé des énergies influe sur la marche des entreprises, alimente l’inflation, ce qui a pour conséquence une augmentation des prix de beaucoup de biens et services.

Contrairement aux conséquences du réchauffement climatique qui sont perçues généralement comme assez indirectes ou éloignées, l’augmentation du prix des énergies touche donc directement la population en affectant immédiatement le pouvoir d’achat. Cette situation peut être explosive au niveau social, en particulier pour les ménages les plus modestes. Si l’on considère que pouvoir se chauffer et disposer d’électricité sont des biens essentiels, que se passera-t-il si certaines personnes ne peuvent plus le faire faute de moyens ?

L’influence du prix des énergies sur les comportements individuels est donc très forte. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’application de taxes pour renchérir artificiellement le coût des énergies a souvent été prônée pour inciter les utilisateurs à moins gaspiller. Mais, comme la crise de gilets jaunes en France le prouve, cela pleut occasionner des oppositions virulentes voire des révoltes. Le refus de la nouvelle loi suisse sur le CO2 qui prévoyait d’en augmenter la taxe en est une autre illustration. Alors qu’une légère augmentation de prix du carburant des voitures a suscité une levée de boucliers en France, qu’en sera-t-il de l’explosion actuelle des prix ?

Comme les origines de l’augmentation sont extérieures à la Suisse, la population sera probablement plus encline à participer à l’effort collectif pour traverser cette période difficile que de se révolter. Mais des reproches envers les autorités seront inévitables.

 

La peur de la pénurie encourage le « retour en arrière »

L’urgence d’une crise énergétique à court terme repousse la lutte contre le réchauffement climatique et le développement durable à plus tard. Ainsi, certains pays relancent leurs centrales thermiques polluantes ou retardent leurs fermetures.

L’Allemagne prévoit d’augmenter momentanément le recours à ses centrales au charbon alors que l’objectif était leur disparition d’ici 2030. En Angleterre, la nouvelle première ministre anglaise, Liz Truss serait prête à accorder 130 nouvelles autorisations de forages pétroliers en mer du Nord.

Certains milieux profitent de la crainte d’un black-out pour relancer l’énergie nucléaire en Suisse alors que la population avait choisi d’en sortir récemment et que la guerre en Ukraine nous démontre la fragilité de ces installations qui deviennent des cibles de guerre avec tous les risques que cela comporte. Aussi, le premier ministre anglais Boris Johnson, s’est dépêché avant de quitter le pouvoir, de signer un contrat pour la construction d’une nouvelle centrale nucléaire.

Face au risque de pénurie de gaz, l’Europe a accepté que les Etats-Unis lui livre du gaz. Celui-ci sera certainement en grande partie du gaz de schiste provenant d’une technologie de forage à laquelle la plupart des pays européens sont opposés. Avec la crise, certains pays s’interrogent à nouveau sur l’opportunité de relancer ce type de forage afin d’assurer leur indépendance énergétique.

Face au risque de pénurie, il y a de manière générale une tentation naturelle au repli et à l’individualisme que ce soit au niveau des états ou dans la population. Par exemple, le média 20minutes a demandé aux lecteurs qu’elles seraient les mesures d’économie à prendre. Le premier choix a été d’éteindre les éclairages dans les villes (pas chez eux), le second de ne pas charger les voitures électriques (jalousie envers les riches possesseurs de Tesla, refus du changement ?)…Bref, ce sont les autres qui devraient d’abord se sacrifier.  Il semble aussi que les achats de petits chauffages d’appoints électriques ou de générateurs à essence sont en hausse. Les autorités craignent ainsi à juste titre que des réflexes individualistes ne viennent annihiler les efforts du reste de la population (baisse du chauffage, économies d’électricité, etc.) et aggravent la crise.

 

Saurons-nous retirer quelque chose de positif de cette crise ?

Nous vivons un moment particulièrement paradoxal. Alors que l’on a souvent eu un peu l’impression de prêcher dans le désert en incitant le public à moins gaspiller l’énergie et que les médias semblaient souvent lassés d’en parler, ils regorgent actuellement de conseils et de propositions d’éco-gestes. Ce qui, il y a quelques mois était souvent considéré comme du rabâchage inutile et peu efficace, retrouve soudain de l’intérêt. On redécouvre les vertus des petits gestes individuels qui additionnés peuvent représenter des économies considérables et l’importance de l’Etat pour faire face à ces défis.

Au premier abord, on pourrait donc considérer que cette crise sera salutaire. Elle aura le mérite d’exposer crûment notre dépendance aux énergies fossiles et la fragilité de notre système d’approvisionnement. Grâce à elle, des mesures de bon sens sont déjà prises comme, par exemple, la fermeture des portes de certains magasins qui étaient laissées ouvertes auparavant. Des gestes simples sont rappelés, chacun réfléchit à ce qu’une température de chauffage adéquate signifie, et l’intérêt pour des énergies renouvelables et locales est renforcé ce qui pourrait en dynamiser le développement.

Mais d’un autre côté, on constate que la crise aura accéléré des projets de forages d’énergies fossiles. Des mesures essentielles de lutte contre le réchauffement climatique, comme l’arrêt de centrales au charbon, sont repoussées. La peur de manquer d’énergie est aussi exploitée pour réhabiliter des technologies dont les désavantages et les risques restent importants.

Il est malheureusement possible que, passé la crise, nous retournions avec soulagement à la « situation normale » en remontant nos chauffages et en abandonnant une grande partie des actions d’économies qui auraient pu être maintenues.

Dans tous les cas, il est de notre responsabilité de rappeler, à notre humble niveau,  que ce moment si particulier pourrait constituer un déclic, une occasion unique pour accélérer la transition énergétique car l’urgence climatique, elle, n’attend pas.

3e volet du 6e rapport du GIEC

Le GIEC vient de publier le 3ème et dernier volet(1) de son sixième rapport. Celui-ci aborde les solutions à mettre en œuvre pour limiter le réchauffement climatique.

Voici les messages principaux de ce 3ème volet :

  • L’objectif de limiter à +1,5°C de réchauffement à la fin du siècle (accord de Paris) a toute les chances de n’être pas tenu ; l’objectif de +2°C pourrait même être dépassé car si l’on ne fait rien de plus on se dirige vers une augmentation de +3,2°C à la fin du siècle !
  • Pour éviter le pire il faut que les émissions atteignent un maximum dans 3 ans puis diminuent de près de moitié d’ici à 2030 (par rapport à 2019).
  • Il faut limiter au maximum l’usage des énergies fossiles et les nombreux projets de centrales recourant à ces énergies dans le monde ne vont pas dans le bon sens.
  • Avec le reboisement, la protection des forêts et tourbières doivent être une priorité.
  • Le déploiement de technologies de stockage de carbone devient nécessaire sachant que l’objectif de 1,5°C sera dépassé. Cela signifie que l’on ne peut plus seulement compter sur la réduction des émissions pour limiter le réchauffement climatique ; il faut aussi capturer le CO2 émis.
  • Nous devons changer nos comportements. Cela est particulièrement vrai pour les 10% des habitants les plus riches qui contribuent entre 34 et 45% au total mondial d’émissions de carbone. Cela doit passer par la baisse de consommation des produits énergivores mais aussi la diminution de notre consommation de viande.
  • Les investissements pour combattre le réchauffement climatique ne sont pas suffisants alors que paradoxalement le coût des énergies renouvelables a énormément baissé ces dernières années.

Comme déjà évoqué, le conflit en Ukraine a certainement comme effet d’éclipser en partie l’annonce de la parution de ce nouveau rapport du GIEC. D’un autre côté, la « révélation » de notre dépendance aux énergies fossiles russes pourrait être un moteur pour accélérer la transition vers les énergies renouvelables.

Articles :

(1) En février 2022, le GIEC a publié un second volet centré sur les effets du réchauffement climatique sur l’humanité. Le premier volet, quant à lui, a été publié en août 2021 et aborde les fondements physiques du réchauffement climatique.

L’hydraulique suisse n’a pas dit son dernier mot

Avec la décision de l’abandon du nucléaire et le passage progressif à la mobilité électrique, les besoins en électricité d’origine renouvelable ne feront qu’augmenter en Suisse.

Dans ce cadre, la Confédération a annoncé en décembre 2021 que 15 nouveaux projets hydro-électriques pourraient être lancés ces prochaines années. Cette annonce est le résultat d’une table ronde réunissant Confédération, cantons, associations écologistes et producteurs d’électricité. Ces nouveaux projets hydro-électriques pourraient permettre une production supplémentaire de  2 TWh d’électricité renouvelable. Ceci est réjouissant, car il était souvent dit que la Suisse avait quasi atteint le maximum possible en matière d’électricité hydraulique si l’on tenait compte des contraintes écologiques.

Il s’agit néanmoins de nuancer cette annonce en rappelant que les centrales nucléaires que l’on souhaite remplacer fournissent chaque année environ 19 TWh (2021) d’électricité… Ce surplus ne permettrait ainsi de combler qu’environ 10% de la production nucléaire. De plus, cet accord ne signifie pas forcément qu’il n’y aura pas d’oppositions à ces 15 projets.

Mais au-delà de ces chiffres, il faut aussi noter l’importance de l’électricité hydraulique en tant que « enabler » des autres énergies renouvelables. Comme l’explique un article du magazine « énergies renouvelables » ce terme anglais signifie que l’énergie hydraulique devient une condition nécessaire à l’efficacité des énergies éoliennes et solaires. En effet, les capacités de stockage de l’énergie hydraulique permettent de mettre en réserve les productions intermittentes comme le vent et le solaire pour les délivrer en adéquation avec les besoins.

Cette fonction de stockage devient ainsi toujours plus importante et les procédures et technologies actuelles doivent s’adapter afin d’être beaucoup plus flexibles comme l’expose le magazine « énergies renouvelables ». Ainsi, les turbines hydrauliques vont devoir tourner à des vitesses très différentes pour se caler « en continu » sur les besoins. Ceci va influer sur les rendements de celles-ci car elles ont été conçues pour fonctionner avec un débit d’eau optimum. A d’autres débits on constate, par exemple, l’apparition de tourbillons instables. Des programmes de recherche sont ainsi lancés pour améliorer la flexibilité tout en limitant les pertes de rendement et l’usure des installations suite à une sur-sollicitation. Par exemple, il est envisagé d’utiliser des batteries électriques tampons pour laisser le temps à la turbine d’atteindre « tranquillement » sa vitesse de production ou re-pomper directement une partie de l’eau dans le barrage pour éviter de faire varier la vitesse de la turbine [court-circuit hydraulique]). Dans le même article,  Klaus Jorde de l’Office Fédéral de l’Energie pense que si des solutions techniques seront certainement trouvées, il s’agit maintenant de proposer des mécanismes financiers qui incitent les exploitants à investir dans le domaine la flexibilisation de la production.

On pourrait imaginer que les nombreuses difficultés à faire passer les projets de parcs éoliens pourraient réorienter certains investissements vers l’énergie hydraulique. Mais l’hydraulique rencontre aussi les mêmes blocages comme l’illustre le projet de rehaussement du barrage du Grimsel prévu il y a 20 ans et toujours bloqué devant les tribunaux… A ce sujet, la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a proposé avec le Conseil Fédéral en février de cette année que chaque projet de centrale hydroélectrique ou éolienne ne puisse être contesté qu’une seule fois et qu’un permis de construire ne soit plus exigé pour poser des panneaux solaires en façade.

Tout ceci démontre qu’il s’agit de trouver un équilibre entre la protection de l’environnement local, l’autonomie énergétique et les enjeux environnementaux globaux.

La guerre en Ukraine comme révélatrice de l’importance de l’énergie.

Quel que soit leur âge, les élèves que nous rencontrons sont au courant qu’une guerre est menée en Ukraine par la Russie. Même si leur compréhension des événements est très lacunaire, il n’est pas de notre responsabilité d’approfondir ce sujet avec eux. Pour autant, il n’est pas possible d’ignorer ce conflit. En effet, cette guerre est révélatrice de l’importance de l’énergie pour nos sociétés.

En rappelant aux élèves que l’énergie nous apporte du confort mais pose des problèmes de pollution et de ressources, il n’est pas interdit d’ajouter que son importance est telle qu’elle peut être au cœur de conflits armés[i].

Comme chacun l’aura constaté, la guerre russo-ukrainienne met en lumière la complexité et l’importance de l’énergie. Voici, ci-après, une petite synthèse en quelques points.

Une crise révélatrice de notre dépendance aux énergies fossiles

La Russie est un gros producteur d’énergies fossiles que cela soit du gaz, du pétrole ou du charbon. Son économie repose en grande partie sur la commercialisation de ces ressources. Plus les pays occidentaux se fournissent auprès de la Russie est plus ils deviennent dépendants[ii]. Ceci est d’ailleurs révélé par les points de vue très différents entre les pays occidentaux quant à la mise en place d’un embargo sur les exportations de gaz et pétrole russe. L’Amérique (USA) qui se fournit très peu auprès de la Russie pour son gaz et pétrole a décidé seul d’un embargo. L’Allemagne et d’autres pays européens freinent des deux fers car leur dépendance est très forte.

Prix de l’énergie et économie

La crise actuelle a entraîné une augmentation très forte du prix du pétrole et du gaz naturel. Le prix du baril de pétrole s’est même approché de 140$[iii], un niveau jamais atteint depuis 2008; et ce n’est peut-être pas fini. Toutes ces hausses de prix vont inévitablement peser sur la croissance économique mondiale et pourraient à terme entraîner des faillites, en particulier pour les industries les plus dépendantes du prix des énergies. Concernant l’embargo envisagé sur les exportations russes, celui-ci aurait inévitablement comme effet de faire encore monter le prix du gaz et du pétrole au détriment des pays consommateurs. Cet effet pervers est d’ailleurs l’un des arguments qui freine la décision d’imposer un tel embargo. De son côté, la Russie a aussi fait entendre qu’elle pourrait aussi couper l’approvisionnement en gaz. Elle a également prévenu qu’un embargo ferait, selon elle, augmenter le prix du baril à 300$ !

La fragilité du transport de l’énergie

L’Ukraine est un passage principal du gaz russe vers l’occident ce qui en fait un terrain stratégique. Pour contourner ce pays, le gazoduc Nordstream 2[iv] état en construction pour augmenter les capacités d’alimentation directe de l’Allemagne. Ce nouveau gazoduc aurait rendu l’Allemagne encore plus dépendante du gaz russe et la crise actuelle a entraîné la suspension du projet. Cet exemple démontre la fragilité du système de transport qui, si un gazoduc est endommagé ou arrêté, peut provoquer très rapidement une pénurie dans les pays d’Europe de l’ouest. On peut faire le parallèle avec le blocage récent du canal de Suez qui, suite à un simple échouage de navire, a désorganisé tout le transport de marchandises mondial.

La sécurité nucléaire

Même si l’Ukraine est le principal passage de gaz naturel vers les pays de l’Ouest, ce pays compte quinze réacteurs nucléaires produisant plus de 50% de son électricité[v]. Les forces russes ont rapidement pris possession du site de la centrale de Tchernobyl, ce qui a rappelé que l’Ukraine était le territoire qui avait connu le plus grave accident nucléaire de l’histoire. Quelques jours plus tard, la Russie a bombardé un bâtiment administratif de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a sonné l’alerte car l’attaque de centrales nucléaires ou de barrages est interdite dans la Convention de Genève[vi] pour les retombées dévastatrices qu’elles pourraient produire.

Les moyens de guerre sont aussi tributaires de l’approvisionnement en énergie

Les forces russes n’ont pas progressé à la vitesse espérée. Une colonne de chars et camions de plus de 60km près de Kief semble faire du sur place. Les raisons avancées par les experts sont diverses (tactique, etc.) mais ils mettent aussi en avant un problème de mauvaise gestion de l’approvisionnement en carburant des véhicules et de la nourriture pour les soldats. Avec les moyens mécanisés modernes, les besoins en énergie sont cruciaux[vii]. On peut d’ailleurs faire le parallèle avec la deuxième guerre mondiale où le pouvoir nazi a manqué, plus la guerre progressait, de carburant pour ses chars et avions ce qui peut expliquer en partie sa défaite[viii].

L’énergie, c’est aussi la nourriture

La Russie et l’Ukraine sont de très grands producteurs de blé qui, dans nos pays, constitue la nourriture de base. En effet, 30%[ix] du blé mondial est produit dans ces régions. Et si nos pays sont en partie dépendants des récoltes de blé, ce sont surtout les pays d’Afrique du nord qui en sont de grands consommateurs. Comme l’augmentation du prix du blé avait été un élément important du déclenchement des Printemps arabes, il y a fort à parier que si le coût du blé prend à nouveau l’ascenseur dans ces régions, des troubles et révoltes pourraient voir le jour[x]. Il est également utile de signaler qu’une grande partie des engrais agricoles chimiques contiennent de l’azote produite à base de gaz naturel.[xi]. La Russie est un grand producteur de matières pour les engrais (ammoniac, roche de phosphates, souffre). Depuis le début de la crise, on assiste ainsi à une flambée du prix des engrais agricoles.

Les économies d’énergie justifiées autrement

Avec ce conflit, il est étonnant de voir ressurgir les conseils d’économie d’énergie non comme moyen de lutter contre le réchauffement climatique et la diminution des ressources mais comme outil de pression sur la Russie ou pour limiter l’impact des augmentations de prix. Ainsi, des commentateurs ont proposé de baisser tous nos chauffages de 1°C pour baisser nos consommations de gaz et pétrole russe[xii]. En France, un expert a calculé que la France pourrait se passer de pétrole russe si les camions et les voitures ralentissaient tous de 10 km/h leur vitesse moyenne, et si tous réduisaient de 10% leur kilométrage annuel.

La crise est utilisée dans les argumentaires

La crise en Ukraine révèle tout particulièrement notre dépendance aux énergies fossiles qui deviennent des enjeux de pouvoir et de pression. Cela a été l’occasion pour certains d’arguer que cela était un raison supplémentaire d’accélérer le développement des énergies renouvelables qui ont l’avantage d’être locales[xiii]. D’autres poussent pour un développement accéléré des forages d’énergies fossiles hors Russie[xiv].  Un commentateur français aurait même fait l’éloge du nucléaire comme moyen de production « local » non dépendant d’un autre pays au contraire des centrales électriques thermiques à gaz.

La hiérarchie de l’information

L’importance de la guerre russo-ukrainienne repousse au second plan des informations pourtant cruciales. Ainsi, le GIEC vient de publier un complément à son dernier rapport qui met en garde contre des effets irréversibles du réchauffement climatique[xv]. Il précise que de 3,3 à 3,6 milliards de personnes sont déjà « très vulnérables ». Cette annonce est passée quasi inaperçue dans le brouhaha de la guerre. On peut alors se demander si la relégation des questions environnementales au profit des risques de pénuries immédiates aura un impact (positif ou négatif) sur le développement des énergies renouvelables et la diminution de nos consommations ?

En conclusion…

Tous ces éléments démontrent la complexité et l’importance de l’énergie dans nos sociétés. Comme déjà précisé, il ne s’agit pas d’entrer dans de grandes discussions avec les élèves, mais il n’est pas interdit de préciser que l’énergie peut constituer un aspect important voir principal de conflits entre nations.

[i] Outre la guerre actuelle en Ukraine on peut citer les deux guerres du Golfe où le contrôle de régions pétrolifères était au centre du conflit.

[ii] 47% du gaz consommé en Suisse provient de Russie https://gazenergie.ch/fr/savoir/detail/knowledge-topic/3-provenance/   [] « Le gaz    russe n’approvisionne pas l’Autriche, alors qu’il approvisionne la Finlande à hauteur de 100%. Pour la France, cette part est assez limitée et représente moins de 20%. La France a une grande façade maritime qui lui permet d’importer du gaz liquéfié. En revanche chez nos voisins allemands et italiens, le gaz russe pèse très significativement et représente plus de 50% de leurs approvisionnements en gaz. » https://www.franceculture.fr/emissions/la-question-du-jour/la-france-peut-elle-se-passer-du-gaz-russe

[iii] https://www.latribune.fr/economie/international/guerre-en-ukraine-le-prix-du-baril-de-brent-tutoie-les-140-dollars-washington-cherche-a-interdire-les-importations-russes-905543.html

[iv] https://fr.wikipedia.org/wiki/Nord_Stream

[v] https://information.tv5monde.com/info/l-ukraine-pays-tres-nuclearise-au-coeur-des-inquietudes-447288

[vi] https://ihl-databases.icrc.org/applic/ihl/dih.nsf/ART/470-750071?OpenDocument

[vii] https://www.ouest-france.fr/monde/guerre-en-ukraine/guerre-en-ukraine-quatre-questions-sur-le-convoi-russe-a-l-arret-au-nord-de-kiev-16c758fc-99fe-11ec-9acb-1f509311c936

[viii] Reportage « Comment Hitler a perdu la guerre du pétrole » https://www.dailymotion.com/video/x6b35pp

[ix] https://www.bcv.ch/index.php//pointsforts/Marches/2022/Russie-Ukraine-fermeture-du-grenier-a-ble-de-l-Europe-quel-impact

[x] https://fr.wikipedia.org/wiki/Printemps_arabe#Influence_sp%C3%A9cifique_des_prix_de_l’alimentation

[xi] https://www.pleinchamp.com/actualite/guerre-ukraine-russie-des-consequences-severes-pour-les-engrais

[xii] https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-eco/l-edito-eco-du-mardi-08-mars-2022

[xiii] https://www.latimes.com/business/story/2022-02-26/one-way-to-combat-russia-move-faster-on-clean-energy

[xiv] https://www.theguardian.com/commentisfree/2022/mar/04/oil-gas-lobbyists-us-ukraine-drilling

[xv] https://www.rts.ch/info/sciences-tech/environnement/12900989-pour-le-giec-la-capacite-dadaptation-humaine-est-de-plus-en-plus-depassee.html

Nouvel article de Sorane au sujet des 4 scénarios de l’Ademe pour un futur décarboné

Le 30 novembre 2021, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a publié un rapport « Transition(s) 2050 ». Celui-ci propose 4 scénarios qui permettent d’atteindre en France métropolitaine la neutralité carbone en 2050. Ce rapport est le résultat de deux ans de travaux et a pour but d’éclairer les décideurs et citoyens sur les implications des objectifs de neutralité carbone, en particulier dans la perspective des élections présidentielles françaises de 2022.

Ce rapport est le résultat de deux ans de travaux et a pour but d’éclairer les décideurs et citoyens sur les implications des objectifs de neutralité carbone, en particulier dans la perspective des élections présidentielles françaises de 2022.Le rapport disponible en ligne fait plus de 700 pages, mais l’Ademe a aussi publié des résumés forts utiles pour avoir une vision globale de celui-ci. Si le rapport le plus complet ne divulgue pas toutes les clés et hypothèses de calcul, les grandes lignes sont claires.

Nous avons réalisé un petit résumé de ces propositions qui expose bien la difficulté de concilier les changements nécessaires et le soutien populaire. La sensibilisation du public reste donc un élément important et nécessaire de toute politique énergétique !

Vous pouvez télécharger le pdf sur le site Sorane.ch.

Bonne lecture
M.Reeve

Lancement de la construction du parc éolien de Sainte-Croix

Le projet de 6 éoliennes au-dessus de Ste-Croix peut enfin démarrer !  Comme l’indique 20minutes, la construction est possible par la levée des dernières oppositions; un processus qui a pris 15 ans ! Les éoliennes produiront l’équivalent de la consommation de la Commune de Ste-Croix.

On peut s’interroger sur la lenteur de réalisation de telles infrastructures face à l’urgence climatique. Mais notre système démocratique est aussi précieux. Ces premiers projets de parc éoliens auront aussi eu le mérite d’établir une jurisprudence qui permettra certainement aux tribunaux de se déterminer plus rapidement à l’avenir.

Pour le clin d’oeil, j’ai retrouvé le dépliant A4 que j’avais réalisé pour le Canton et informant la population sur l’étude de faisabilité en cours.
Elle date de 1998, soit il y a 23 ans !

Pour rappel, le canton de Vaud dispose d’un potentiel d’énergie éolienne qui permettrait de produire de 12 à 25% de la consommation d’électricité du Canton.

Sondages géothermiques à Genève

Depuis le 13 septembre, les Services industriels de Genève mènent une vaste campagne d’analyse nocturne du sous-sol genevois. Il est vrai que la région genevoise a une potentiel géothermique prometteur qui pourrait couvrir 20% des besoins totaux de Genève en chaleur et en froid d’ici 2035 !! (article sur RTS). Des camions font vibrer le sol et les résonances sont enregistrées par des capteurs ce qui permettra de déterminer les lieux les plus prometteurs en matière de géothermie.

Si Genève est une région très prometteuse, le canton de Vaud dispose aussi d’un potentiel prometteur qui est estimé à 350 GWh/an, soit l’équivalent de l’alimentation en chaleur de 20’000 ménages. Pour l’exploiter, le Canton mise sur la création de 20 centrales géothermiques d’ici à 2050. Deux projets sont déjà bien avancés : à Vinzel, un forage à 2’200 mètres de profondeur est prévu pour alimenter un chauffage à distance, à Lavey-les-Bains c’est un forage de 2’300 à 3’000 mètres qui permettra de produire à la fois de l’électricité (4 GWh/an) et de la chaleur pour les bains thermaux (15 GWh/an). D’autres projets sont également en cours de planification. (voir le cadastre de géothermie basse température sur le géoportail  vaudois www.geo.vd.ch  [thème énergie]).

Dans le journal 20 minutes on apprend aujourd’hui que des boîtiers de mesures ont été vandalisés à Genève avec des dégâts se montant à 90’000.- Frs. Des bouteilles ont même été lancées sur des employés. On apprend également que les vibrations ont été plus fortes que prévu et que les camions vibreurs les plus bruyants ont été retirés pour ménager la population et certainement pour éviter d’attiser les oppositions.

En ce qui concerne le vandalisme, l’article ne nous donne pas les raisons, mais on peut constater que malgré l’urgence climatique et les objectifs nécessaires de diminution de nos émissions polluantes, les projets d’exploitations d’énergies renouvelables entraînent souvent de fortes oppositions. Même si certaines oppositions sont parfois compréhensibles, on doit reconnaître que le principe du « not in my backyard« ,  l’opposition absolue à tout risques financiers ou technologiques (même très faibles) et la non acceptation de tout désagrément, même temporaire, sont à l’oeuvre.

Dans le cas de la géothermie, les risques sont très réduits, mais l’expérience du mini « tremblement de terre » survenu lors d’un forage dans la région bâloise permet à certain d’attiser les craintes. De plus, les ressources ne sont jamais garanties. En effet, certains forages, comme celui de  St-Gall, se sont révélés décevants. (voir nos posts précédents).

En ne voulant rien changer, en n’acceptant aucun compromis ou risque, la Suisse ne pourra jamais atteindre ses objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre. Ne pourrait-on pas prendre exemple sur les ingénieurs et décideurs courageux qui dans les années ’50 ont développé nos grands barrages hydrauliques et ont permis à la Suisse de disposer aujourd’hui d’une production électrique majoritairement renouvelable ?

L’information à la population a été faite, de nombreux articles et des documents didactiques produits, mais on peut constater que la sensibilisation de la population et des jeunes en particulier est un travail inlassable pour contrer les « fake news », les exagérations, et les lobbys du « non changement ». Il est important d’apporter des renseignements crédibles et mesurés, ne jamais cacher les compromis et risques nécessaires tout en démontrant que ceux-ci sont acceptables en comparaison des bénéfices que nous pourrons tirer d’une société énergétiquement durable.

 

Centrales nucléaires suisses : c’est quand la fin ?

Si les Suisses ont voté la sortie du nucléaire en acceptant la nouvelle loi sur l’énergie, la date de cette sortie n’a pas été fixée.

Une dépêche sur le site de la RTS nous informe de l’état des réflexions quant à la fermeture de nos 4 derniers réacteurs nucléaires. La Confédération souhaiterait prolonger encore la durée de vie de ces centrales en passant de 50 à 60 ans maximum.

Il est à noter qu’avec le réacteur de Beznau qui a 52 ans, la Suisse dispose de la plus ancienne centrale nucléaire en fonctionnement en Europe !

Mais une telle prolongation implique des assurances au niveau de la sécurité et des coûts supplémentaires pour les exploitants. Si ces surcoûts et les prix européens de l’électricité sont suffisants, il est très probable que les exploitants souhaiteront maintenir les centrales nucléaires en fonctionnement.

L’arrêt de la centrale de Mühleberg en 2019 n’aura donc pas été le début de la fin pour les centrales suisses, en tous cas à court terme.

Avec le refus de la loi CO2 et la difficulté de très rapidement augmenter la production d’énergies renouvelables pour remplacer le courant des centrales nucléaires, les instances politiques seront tentées de faire durer cette production d’électricité « décarbonée ». Mais ces années supplémentaires prolongeront le risque, même s’il est faible, d’un accident dont les conséquences seraient incommensurables.