Fukushima, ou comment gagner sur tous les tableaux.

Il y a quelque temps, Georges Baumgartner (envoyé spécial à Tokyo) est intervenu sur les ondes de la RTS pour présenter un projet révolutionnaire de la firme Toshiba.

Suite à Fukushima, une partie de la population japonaise se méfie de la qualité des légumes cultivés en plein air. Toshiba a donc prévu de construire une usine qui filtrerait l’air et maintiendrait des conditions idéales pour faire pousser des légumes à l’intérieur. Se basant sur les mêmes principes utilisés pour la production de semi-conducteurs, la firme japonaise se propose de produire des légumes dans des conditions parfaites. Le grand avantage serait l’absence de traitements chimiques, l’air entrant étant totalement contrôlé.

Ce projet est paradoxal, puisque l’accident de Fukushima est utilisé ici pour promouvoir une technologie qui nécessitera certainement beaucoup d’électricité (climatisation, filtrage, éclairage artificiel) pour fonctionner; si tous les légumes du Japon étaient cultivés ainsi, il y aurait peut-être de quoi justifier la réactivation de centrales nucléaires à l’arrêt ou la construction de nouvelles…

Non sans malice, Georges Baumgartner a signalé à la fin de sa présentation que Toshiba était une firme très impliquée dans la conception de centrales nucléaires…

Dépêche annonçant le projet de Toshiba (en anglais)

Sur le site de Toshiba, la liste des centrales nucléaires livrées par la compagnie

Une solution miraculeuse, vraiment ?

Vous avez certainement régulièrement entendu ou lu des informations présentant des solutions révolutionnaires et qui résoudraient une grande partie des problèmes énergétiques.

Par exemple, le Temps a récemment publié un article (« Transformer l’eau en kérosène « ) annonçant que l’US Navy était capable de transformer l’eau de mer en carburant.

Il semble en effet, que les chercheurs américains sont parvenus à capturer le CO2 et l’hydrogène contenus dans l’eau de mer et produire avec du kérosène de synthèse. Le procédé est encore au niveau du laboratoire mais devrait pouvoir être opérationnel dans 10 ans.

A la première lecture, on entrevoit donc une solution révolutionnaire qui pourrait bien résoudre une grande partie de notre dépendance énergétique sachant que l’eau de mer est très rependue sur la terre et renferme de grandes quantités de carbone et d’hydrogène.

Par rapport à ce type d’information, il faut d’abord se méfier des annonces de solutions qui ne seront opérationnelles que dans plusieurs années. En effet, il s’agit parfois d’annonces venant d’organismes qui cherchent des financements pour poursuivre leurs recherches et qui font miroiter des débouchés aux investisseurs en extrapolant des premiers résultats de laboratoire. On constate également qu’une grande partie de ces annonces choc ne voient finalement pas le jour car elles rencontrent des problèmes techniques dans leur mise au point finale (par ex. rendement final décevant, etc.).

Mais si l’on part du principe que le procédé en question pourrait être en effet réalisable à moyen terme, l’article soulève d’autres questions.

Une lecture plus attentive de l’article nous incite à modérer notre enthousiasme. En lisant entre les lignes, on arrive à comprendre que le procédé d’extraction du CO2 et de l’hydrogène passe par une électrolyse, c’est à dire une méthode qui nécessite beaucoup d’énergie électrique. Il est fort à parier que beaucoup plus d’énergie sera consommée pour produire le kérosène, que l’énergie contenue dans celui-ci. Au final, on peut supposer que ce que l’US Navy semble vouloir développer est uniquement un moyen de produire du carburant pour avion de façon autonome.

Pourtant l’avant-dernier paragraphe de l’article jette encore un trouble à cette explication :
« Seuls les porte-avions sont dotés d’une propulsion nucléaire. Tous les autres navires doivent fréquemment abandonner leur mission pendant quelques heures pour naviguer en parallèle avec le pétrolier, le temps de faire le plein, une opération délicate, surtout par gros temps. »

S’il s’agit de produire du kérosène à partir d’électricité, les navires à propulsion conventionnelle devront encore plus souvent faire le plein de carburant. En effet, en plus de l’énergie pour se propulser ils devront également pouvoir disposer de l’énergie nécessaire pour produire le kérosène des avions… Quel est donc vraiment l’avantage de ce procédé ?

Il est assez évident que l’article en question est incomplet et peu clair. Un indice en début d’article aurait pu nous rendre méfiant. En effet, celui-ci n’est pas signé du nom d’un journaliste mais par le mot « Agences ». Il s’agit donc d’une sorte de collage de plusieurs dépêches sans enquête approfondie.

Ce qu’il faut retenir de cet exemple c’est qu’il est impératif d’être très prudent lorsque l’on rencontre ce type d’information.


Toujours :

  • Se renseigner à plusieurs sources crédibles et non intéressées
  • Ne pas transmettre une information en classe avant d’être à 100% certain de sa crédibilité et d’en avoir réellement compris le sens.

Se méfier :

  • des solutions miracles
  • des informations qui discrédites immédiatement les solutions novatrices
  • des informations qui fournissent des arguments qui nous évitent de faire un effort

Géothermie à St-Gall : les résultats ne sont pas au rendez-vous

Les résultats du forage géothermique de St-Gall (voir posts précédents) sont décevants. La quantité d’eau chaude est dix fois moins élevée que prévu et le gaz naturel qui s’échappe n’est peut-être pas exploitable.

Après un petit tremblement de terre qui avait mis en danger le projet sans heureusement le stopper comme à Bâle, on espérait que de bons résultats encourageraient la géothermie en Suisse.

Ce demi échec, ne doit pas nous décourager. Il faut persévérer, car en cas de succès on aura une source d’énergie propre, locale et quasi inépuisable à disposition.

Voir dépêche sur le site de la rts

La recherche de pétrole, de gaz ou de sources géothermiques est un art compliqué. Les géologues se basent sur des relevés, une étude du terrain ou des mesures de vibrations produites artificiellement à la surface et dont le retour indique la composition du sous-sol. Avec tous ces éléments ils sont capables d’estimer la probabilité de trouver un gisement exploitable sous la terre, mais ils ne peuvent jamais le garantir à 100%. C’est la raison pour laquelle on dit que seul le forage est le juge de paix. En d’autres termes, tant que l’on a pas vraiment creusé jusqu’au bout on ne peut pas être certain de ce qui se trouve en sous-sol.

L’IFP-énergies nouvelles (anciennement Institut Français du Pétrole) indique sur son site que « … sur cinq forages d’exploration, un seul, en moyenne, met en évidence une quantité de pétrole suffisante pour justifier économiquement son exploitation ». (http://www.ifpenergiesnouvelles.fr/espace-decouverte/les-cles-pour-comprendre/les-sources-d-energie/le-petrole).

 

La technologie led aura-t-elle raison des lampes fluo-compactes ?

En me rendant chez Ikea vendredi passé, je n’ai trouvé dans les rayons que des ampoules led. Où sont passées les ampoules fluo-compactes ?

Sur le site Internet d’Ikea, c’est d’abord les ampoules led qui sont présentées, puis des halogènes basse tension et seulement à la 2ème page 4 modèles de fluo-compactes.

On se trouve à n’en pas douter à un tournant, mais tout n’est pas si simple….

Un choix compliqué pour le consommateur :

Les ampoules led sont vendues chez Ikea avec l’indication de la production de lumière (lumen) et il est difficile de faire le lien avec les anciennes ampoules à incandescence qui constituent la référence pour beaucoup de gens.

Voici un petit tableau de correspondances :

Pendant longtemps les ampoules led commercialisées ne dépassaient pas 800 lumens, ce qui correspond à l’éclairement d’une ampoule classique de 60 Watts.

Aujourd’hui certains modèles atteignent environ 1’000 lumens, soit l’équivalent de l’éclairement d’une ampoule à incandescence de 75 Watts.

Chez Ikea, l’ampoule led la plus puissante produit 600 lumens, soit à peu près l’équivalent de ce que produisait en lumière une ampoule à incandescence de 50 Watts. Mais Ikea annonce sur son site : « 600 lumens correspondent approximativement à la lumière émise par une ampoule à incandescence de 60 Watts. »

Sans référence ou avec une référence surestimée, certains consommateurs risquent d’être déçus en découvrant que l’ampoule la plus chère du magasin ne produit pas une très grande quantité de lumière.

Pour les puissances d’éclairage supérieures, Ikea propose encore sur son site (et j’imagine aussi en magasin) quelques modèles de fluo-compactes (équivalent incandescent 75W et 100W). Lorsque les ampoules led permettront d’atteindre ces puissances d’éclairage (1600 lumens) à des coûts acceptables, les ampoules fluo-compates ne seront probablement plus vendues par Ikea.

En ce qui concerne l’étiquette-énergie, certaines ampoules led de chez Ikea sont classées A+, une notation qui ne semble pas officielle en Suisse. A+ n’est attribué qu’aux ampoules led les moins puissantes. Ceci s’explique par la difficulté à conserver le bon rendement des ampoules led plus on monte en puissance mais également par le fait que la référence que constitue les ampoules à incandescence n’est pas constante. Les ampoules à incandescence puissantes ont des meilleurs rendements que les modèles moins puissants (une ampoule à incandescence de 100 Watts produit plus de lumens par Watt qu’une ampoule de 40 Watts).

Apprendre aux enfants à compter en lumen :

Nous assistons à n’en pas douter à un tournant technologique. En quelques années, les ampoules led auront remplacé les fluo-compactes en rayon.

En ce qui concerne l’éclairement, il est important de rapidement oublier la référence en Watts des ampoules à incandescence. Celles-ci ont aujourd’hui disparu du marché, et il s’agit de parler en lumens, une référence indépendante des technologies employées.

Dans le cadre des animations, il est donc important de faire référence aux lumens afin que les enfants s’y habituent et disposent d’ordres de grandeur (une ampoule standard = 800 lumens). La puissance électrique des différentes ampoules en Watt permet quant à elle de montrer que pour un même éclairement en lumen on consomme moins avec des ampoules économiques fluo-compactes ou led (par ex. par rapport aux ampoules halogènes).

Avantages et inconvénient des ampoules led :

Avantages :
– allumage immédiat
– souvent réglable sur variateur
– pas de mercure
– longue durée de vie (annoncée de 25’000 à 50’000 heures selon les modèles)
– couleur de lumière comparable aux ampoules à incandescence

Inconvénients :
– prix encore élevé, même chez Ikea (Frs 20.- pour une ampoule de 600 lumens)
– la diffusion de la lumière est plus concentrée vers l’avant, il y a peu de diffusion « tout autour » (cette caractéristique varie selon les modèles)
– la durée de vie annoncée est semble-t-il parfois plus courte, et il y a une baisse de luminosité dans le temps.
– les ampoules led sont très sensibles à la chaleur ce qui peut faire baisser leur durée de vie. C’est la raison pour laquelle elles disposent d’une sorte de « radiateur » en métal à l’arrière pour dégager cette chaleur; ceci explique pourquoi elles sont aussi assez lourdes. Les enfermer dans une globe en verre par exemple peut freiner l’évacuation de la chaleur et diminuer leur durée de vie.

 

Forage géothermique à St-Gall : on continue malgré le tremblement de terre

Le 20 juillet 2013, un forage géothermique à St-Gall a provoqué un petit tremblement de terre de magnitude 3,6 sur l’échelle de Richter.

Aucun dégât n’a été constaté, mais la secousse a été ressentie par les habitants de la région.

La secousse a semble-t-il été provoquée par des injections d’eau visant à bloquer, par mesure de sécurité, une forte arrivée de gaz dans le forage.

Après Bâle qui a complètement abandonné un forage pour les mêmes raisons en 2009, c’est un coup dur pour la géothermie suisse.

Suite à l’incident, certaines personnes ont immédiatement mis en garde contre la dangerosité des forages. A chaque fois que l’on essaie d’avancer dans de nouvelles technologies propres, il y a pour certain presque une « satisfaction » à constater des difficultés.

La bonne nouvelle est que les autorités St-Galloises ont décidé de poursuivre le forage. Mais celui-ci est à la merci d’une seconde secousse qui pourrait tout compromettre. Ce serait vraiment dommage car on est proche des premiers essais de pompage d’eau chaude (140°-c) à 4’000 mètres de profondeur.

Affaire à suivre…

Articles :

Seisme provoqué par une centrale géothermique – 20 minutes

A Lavey-les-Bains, le forage géothermique n’est pas remis en cause

Peu importe les risques, le forage va continuer – 20minutes

Projet de centrale géothermique à Avenches

En 2019, une centrale géothermique pourrait voir le jour à Avenches.

Après les déboires du forage de Bâle qui en 2006 avait causé trois mini tremblements de terre, la géothermie semble à nouveau relancée.

Derrière ce projet, la société Géoénergie Suisse qui est soutenue par des grands fournisseurs d’électricité. En effet, si la chaleur est suffisante, celle-ci pourrait être utilisée pour produire de l’électricité comme dans une centrale thermique. Ainsi, l’usine devrait produire de l’électricité correspondant à 6’000 ménages.

Avec la sortie programmée du nucléaire, les électriciens sont à la recherche de nouveaux moyens de production même si le potentiel géothermique en Suisse est limité. Pour l’instant, la société Goénergie n’a retenu que 3 emplacements en Suisse.

Ce qui n’est pas précisé, c’est si ce projet permettra également de chauffer des bâtiments ce qui serait assez simple car Avenches dispose déjà d’un réseau de chauffage à distance actuellement alimenté au bois.

pdf page site rts

La région genevoise est également très bien située pour la géothermie. Les autorités soutiennent des projets de forages tout en souhaitant éviter l’incident balois qui a fait reculer la cause de 10 ans. Deux articles en ligne de la Tribune de Genève.

 

Microalgues, premiers essais de production en France

Les microalgues sont souvent présentées comme une solution très prometteuse pour remplacer les énergies fossiles. Les microalgues permettent de produire du bio-diesel d’origine renouvelable.

En France, à Gruissan (sud-ouest) dans d’anciens marais salins, des essais de production sont menés sur 1000m2.

Selon l’article du Temps on est loin encore d’une solution rentable et industrielle mais le rendement au m2 devrait être de cinq à dix fois supérieur à celui du colza. Mais attention ces chiffres sont à prendre avec des pincettes car ils sont généralement théoriques et proviennent d’essais en laboratoire.

Les microalgues auraient de gros avantages :

– contrairement au colza, maïs, etc. on ne détourne pas des cultures vivrières pour produire de l’énergie.
– la production ne confisque pas des terres agricoles. Dans le cas de Gruissan, il s’agit d’utiliser des marais salins existants qui ne sont plus exploités.
– les micro-algues consomment du co2 pour croître et donc pourraient être un moyen de recycler des rejets de co2 d’origine industrielle.

Affaire à suivre…

Article du Temps

Climatiser avec l’eau du lac Léman

Florence (animatrice à Genève) nous a transmis cette information très intéressante.

Les SIG de Genève vont développer leur offre de climatisation utilisant l’eau du Lac. Ceci permet de se passer de la technique actuelle de climatisation qui utilise des compresseurs électriques très gourmands en énergie.

En effet, à 50m de profondeur l’eau du lac reste de façon constante à 5-8 °C. Il faut bien entendu de l’énergie pour aller rechercher ce « froid » et l’amener vers les bâtiments, mais c’est beaucoup moins énergivore que de climatiser de façon conventionnelle.

Même si ce système est intéressant, on peut quand même s’interroger sur la pertinence de la climatisation. En effet, il est aujourd’hui possible de concevoir des bâtiments qui n’ont pas besoin d’être refroidis à l’aide d’une climatisation et qui se contentent d’une simple ventilation peut gourmande en énergie.

Il faut néanmoins relativiser ce dernier point. En effet, beaucoup d’immeubles qui seront raccordés sont anciens et leur conception ne leur permet pas de se passer de climatisation. De plus, les immeubles situés à proximité de nuisances sonores (ex. autoroute, route passante) ne peuvent réguler leur température intérieure en été par l’ouverture des fenêtres et doivent donc être climatisés.


Article de la Tribune de Genève

France : grand projet d’éoliennes en mer

Nicolas Sarkozy a annoncé un grand projet d’éoliennes en mer. Il souhaite rattraper d’autres pays comme la Grande-Bretagne, car la France est en retard dans ce domaine. Le projet à terme représentera une puissance 3’000 mégawatts (l’équivalent de 2 centrales nucléaires epr) et coûtera 13 milliards de Frs.

Dans l’article de 20minutes (voir l’article) il est précisé que cela permettra d’atteindre l’objectif de 23% d’énergies renouvelables en France. Il s’agit de l’objectif du Grenelle de l’environnement et ne concerne que l’électricité (voir ce lien : objectifs du grenelle).

Projet de forage géothermique à Lavey

Voici donc une bonne nouvelle pour commencer l’année !

Après l’échec du forage géothermique de Bâle, voici un nouveau projet qui risque de relancer la filière. En effet, il y a bon espoir de trouver de l’eau chaude en quantité puisque, comme les bains de Lavey le prouvent, cette région est très favorable.

De plus, le projet prévoit une utilisation optimum des ressources d’eau chaude en produisant d’abord de l’électricité grâce à de l’eau à plus de 100°C, puis une utilisation de cette eau pour chauffer des bâtiments et pour finir la possibilité d’alimenter une pisciculture ou une serre tropicale.

Info de la TSR : fichier pdf à télécharger

Affaire à suivre…