3e volet du 6e rapport du GIEC

Le GIEC vient de publier le 3ème et dernier volet(1) de son sixième rapport. Celui-ci aborde les solutions à mettre en œuvre pour limiter le réchauffement climatique.

Voici les messages principaux de ce 3ème volet :

  • L’objectif de limiter à +1,5°C de réchauffement à la fin du siècle (accord de Paris) a toute les chances de n’être pas tenu ; l’objectif de +2°C pourrait même être dépassé car si l’on ne fait rien de plus on se dirige vers une augmentation de +3,2°C à la fin du siècle !
  • Pour éviter le pire il faut que les émissions atteignent un maximum dans 3 ans puis diminuent de près de moitié d’ici à 2030 (par rapport à 2019).
  • Il faut limiter au maximum l’usage des énergies fossiles et les nombreux projets de centrales recourant à ces énergies dans le monde ne vont pas dans le bon sens.
  • Avec le reboisement, la protection des forêts et tourbières doivent être une priorité.
  • Le déploiement de technologies de stockage de carbone devient nécessaire sachant que l’objectif de 1,5°C sera dépassé. Cela signifie que l’on ne peut plus seulement compter sur la réduction des émissions pour limiter le réchauffement climatique ; il faut aussi capturer le CO2 émis.
  • Nous devons changer nos comportements. Cela est particulièrement vrai pour les 10% des habitants les plus riches qui contribuent entre 34 et 45% au total mondial d’émissions de carbone. Cela doit passer par la baisse de consommation des produits énergivores mais aussi la diminution de notre consommation de viande.
  • Les investissements pour combattre le réchauffement climatique ne sont pas suffisants alors que paradoxalement le coût des énergies renouvelables a énormément baissé ces dernières années.

Comme déjà évoqué, le conflit en Ukraine a certainement comme effet d’éclipser en partie l’annonce de la parution de ce nouveau rapport du GIEC. D’un autre côté, la « révélation » de notre dépendance aux énergies fossiles russes pourrait être un moteur pour accélérer la transition vers les énergies renouvelables.

Articles :

(1) En février 2022, le GIEC a publié un second volet centré sur les effets du réchauffement climatique sur l’humanité. Le premier volet, quant à lui, a été publié en août 2021 et aborde les fondements physiques du réchauffement climatique.

Masques Covid et empreinte écologique

La RTS nous apprend aujourd’hui que l’UNI-santé a publié une étude proposant une solution pour réduire l’impact environnemental des masques chirurgicaux « anti-covid ». Il « suffit » de conserver un masque chirurgical à température ambiante pendant 7 jours avant de le réutiliser. Après ce laps de temps, les chances de survie du virus sur la surface du masque sont quasi nulles. En procédant ainsi, il est possible de diviser par 10 le nombre de masques utilisés.

Le masque en tissu est aussi une bonne solution, à condition qu’il soit « fait maison » ou de production locale.

Selon l’étude, si 10% de la population suisse utilisait cette solution (« semainier ») ou de masques en coton faits maison cela équivaudrait à éviter que l’équivalent de 10 millions de bouchons de bouteilles en plastique en PP (i.e. la même matière plastique qui constitue les masques, le polypropylène) ne se retrouvent dans la nature. Un tel scénario permettrait de couvrir à lui seul environ 6% de l’objectif de réduction annuel d’UCE (unités de charge écologique) visé par la Confédération.

Pour les animateurs du flash-Info énergie, cet exemple très actuel peut être une illustration intéressante du thème de l’énergie grise à présenter aux élèves. Il pourrait même constituer un choix intéressant lorsque l’on souhaite présenter un exemple plus simple que celui de la cellule photovoltaïque (classes d’accueil, à effectif réduit, etc.).

Communiqué de presse

Etude (en anglais)

Réchauffement climatique – controverse autour de l’analogie à une serre

Suite à la lecture des résultats d’une étude sur l’enseignement des enjeux climatiques à l’école (https://orfee.hepl.ch/handle/20.500.12162/2510), il nous a semblé judicieux de revenir sur un point : comment expliquer le réchauffement climatique, les gaz à effet de serre, etc. de manière simple, mais correcte d’un point de vue scientifique dans nos animations.

Pourquoi le fait de consommer de l’énergie a une influence sur le réchauffement climatique ?

Le problème dans ce cas vient principalement de l’utilisation des sources d’énergie fossiles. Lorsqu’on utilise du pétrole, du gaz naturel ou du charbon, des gaz sont émis, parmi lesquels certains sont appelés « gaz à effet de serre » (GES). Il s’agit notamment du CO2 (dioxyde de carbone, lors de la combustion), mais aussi du CH4 (méthane, lors de l’extraction, du transport, du raffinage, de combustion incomplète).

Les gaz à effet de serre ont la propriété de laisser les rayons solaires arriver jusqu’à la surface de la Terre, mais d’absorber la quasi-totalité du rayonnement infrarouge (thermique) provenant de la Terre. Ceci veut dire que s’il n’y avait pas du tout de gaz à effet de serre dans notre atmosphère, la Terre émettrait vers l’espace autant de rayonnement infrarouge que ce qu’elle reçoit du soleil. La température moyenne sur notre planète serait aux alentours de -18°C.


La Terre reçoit du rayonnement solaire, la surface se réchauffe, ce qui lui fait émettre un rayonnement infrarouge. La température s’équilibre à ~-18°C.

Les gaz à effet de serre présents naturellement dans l’atmosphère absorbent le rayonnement infrarouge émis par la Terre et en réémettent une partie vers la surface de la Terre et l’autre vers l’espace. La température moyenne de surface est alors aux alentours de 15°C.


Explication simplifiée de l’effet de serre naturel.

Le problème vient donc d’une surconcentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, due principalement aux activités humaines. Le forçage radiatif est donc augmenté, ce qui fait augmenter de quelques degrés la température moyenne à la surface de la Terre.


Augmentation du forçage radiatif avec les émissions de gaz à effet de serre issus de l’activité humaine.

Autre explication intéressante :

https://www.education21.ch/sites/default/files/uploads/themendossier/Klima/FR/fiches/TD_KWP_f_FB_EFFET_DE_SERRE_191120_phh.pdf

Remarque 1 : parmi les produits de combustion des énergies fossiles, on retrouve également d’autres polluants comme les particules fines (provoquant des problèmes respiratoires), le souffre et l’oxyde de souffre (responsables des pluies acides), ou encore les cendres contenant des métaux lourds, sans parler de contamination des milieux directement par écoulement d’hydrocarbures.

 Remarque 2 : Nous avons parlé ici uniquement de conséquence directe d’utilisation d’énergies fossiles, mais ces émissions de gaz à effet de serre proviennent également de la production, du transport, de l’élimination des biens de consommations du quotidien.

Controverse de la serre

Le terme « effet de serre » a commencé à être utilisé dans les années 80, lors de la vulgarisation d’un bon nombre de rapports alarmants sur le réchauffement climatique.

En effet, l’analogie à une serre permet de bien imager le phénomène, surtout que les vitres sont également transparentes à la lumière visible, mais absorbent le rayonnement infrarouge. Par contre, elle n’explique qu’une partie du phénomène de « forçage radiatif », terme privilégié par les climatologues. Cette analogie est en effet problématique pour 2 points :

  1. Une vitre ne permet pas la circulation d’air entre l’intérieur et l’extérieur, contrairement aux gaz à effet de serre dans l’atmosphère (une partie de l’augmentation de température dans une serre vient du fait que simplement l’air ne peut pas circuler de l’intérieur vers l’extérieur)[1].
  2. Une vitre est une couche uniforme, qui ne varie pas en température dans son épaisseur (ou du moins de manière négligeable), contrairement à la couche d’atmosphère. En effet, pour expliquer l’augmentation du réchauffement plus la concentration en GES est grande, il faut tenir compte du fait que la température de l’atmosphère varie fortement selon l’altitude (et comme le rayonnement infrarouge est fonction de la température, cela a de l’importance suivant l’altitude d’absorption et de réémission).

Explication de la controverse : https://planet-terre.ens-lyon.fr/article/explication-effet-de-serre.xml

Explication très poussée mais intéressante dans une conférence de Jean-Louis Dufresne (Dir. de recherche au CNRS, ingénieur et climatologue) :

http://physique-chimie.ac-dijon.fr/IMG/mp4/effet_serre.mp4

Expliquer l’effet de serre dans nos animations

En résumé, l’analogie avec une serre est appropriée pour la partie transparence au rayonnement lumineux (lumière visible) et opacité aux infrarouges. Ensuite, tout dépend du niveau de complexité que l’on veut atteindre. Mais pour être exact en termes physiques, il faudrait dire que « c’est une représentation simplifiée » et que « dans la réalité c’est encore + compliqué que cela ».

Attention au vocabulaire : On a souvent tendance à dire que la vitre (ou serre) réfléchit les rayons infrarouges (IR) émis par la surface de la Terre. Or, elle (ainsi que les gaz à effet de serre) les absorbe, puis en réémet une partie en direction de la surface et une autre partie en direction de l’atmosphère.

Selon nous, pour des élèves au niveau école obligatoire, à part éventuellement en option math-physique ou dans un cours de physique de plusieurs heures dédié à ce thème, aller plus loin dans l’explication scientifique au niveau de nos animations est trop complexe. Il faudrait entrer dans des détails, notamment des longueurs d’onde de rayonnement, etc. Par contre, on peut insister sur quelques points :

  • L’atmosphère, contrairement à la vitre, n’est pas étanche. Elle permet donc des échanges d’air.
  • L’atmosphère est plus épaisse qu’une simple vitre.
  • Les gaz à effet de serre n’agissent pas comme un miroir sur le rayonnement IR, ils l’absorbent, puis le réémettent vers le bas et vers le haut.

Explication intéressante avec ces différents niveaux de complexité :

https://jancovici.com/changement-climatique/aspects-physiques/quest-ce-que-leffet-de-serre/

 

Quelques remarques – des sujets qui interviennent souvent dans les animations sur ce thème

« Le réchauffement climatique c’est à cause du trou dans la couche d’ozone. »

Les deux phénomènes sont dus à l’activité humaine mais sont bien distincts. La fameuse « couche d’ozone » se trouve dans la haute atmosphère (on parle d’ozone stratosphérique) et elle nous protège des rayons UV solaires. Elle se fait détruire par moments et par endroits, principalement par les CFC (chlorofluorocarbones, issus de l’activité humaine (réfrigérants, et propulseurs d’aérosols) mais interdits dans les pays industrialisés depuis la fin des années 80). Moins cette couche nous protège, plus les rayons UV peuvent atteindre la surface et présenter des dangers pour la santé (peau, cancers).

L’augmentation des émissions de gaz à effet de serre n’a donc pas d’effet direct sur l’augmentation du trou dans la couche d’ozone.

« Pourquoi on ne parle que du CO2, alors que ce n’est pas le seul gaz à effet de serre ? »

Les principaux gaz à effet de serre sont la vapeur d’eau, le CO2, le CH4, le N2O, les halocarbures lourds, l’O3 (hé oui, l’ozone présent dans la basse atmosphère (ozone troposphérique) est également un gaz à effet de serre). Si la vapeur d’eau est celui qui est le plus grand responsable de l’effet de serre total, son origine est majoritairement naturelle. Or le CO2 est le principal, en quantité, produit par l’activité humaine. C’est pour cela que c’est celui dont on parle le +, qui est même pris comme base pour les unités de mesure des GES (équivalent CO2).

 « Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique en Suisse ? »

Il est vrai que l’on parle beaucoup de conséquences au niveau planétaire (fonte des calottes glaciaires, augmentation du niveau des océans, augmentation de la fréquence et de l’intensité des ouragans et autres événements météo extrêmes), mais il est intéressant de comprendre ce qu’il se passe en Suisse. La figure ci-dessous recense ce qui a été observé depuis 1864 en Suisse.

Changements significatifs du climat suisse, basés sur des données d’observations. [source : www.meteosuisse.ch]

Ces éléments ont pour corollaires également : problèmes d’îlots de chaleur, principalement en milieu urbain, disparition d’espèces endémiques, migration d’espèces plus « tropicales » vers la Suisse, augmentation de l’instabilité du terrain en zones de pergélisol, augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes climatiques extrêmes, etc.

Remerciements à Martin pour ses relectures et ses images.

Comment réagir face aux propos climato-sceptiques ? > Petit exercice pratique

Dans le courrier des lecteurs du 24heures du 10 mars 2020, les propos d’un certain André Bovay-Rohr, Physicien à Colombier, a retenu toute mon attention. Répondant à un autre courrier de lecteur, il y réfute l’influence du CO2 sur le réchauffement climatique et souhaite la disparition des traités et des COP qui préconisent la diminution de notre production de gaz à effet de serre. Pour ce faire, il se base sur les travaux d’un certain Professeur Franz-Karl Reinhart. (si le texte de l’article ne s’affiche-pas, rendez-vous sur le blog info-énergie).

Notre première réaction pourrait être de balayer de la main ce genre d’affirmation qui va à l’encontre du consensus scientifique actuel.

L’on pourrait aussi réfuter de façon scientifique et étayée ces théories comme le fait par exemple ici l’enseignant et ingénieur EPF Jean-Claude Keller : http://www.conferences-climat-energie.ch/ConferencesClimatEnergie/ClimatoRealistes_files/CritiqueArticleReinhart-1.pdf

Fichier : CritiqueArticleReinhart-1

Mais comme nous ne sommes pas des scientifiques spécialisés dans le domaine du climat, il nous est difficile d’entrer valablement dans ce type d’argumentation.

Une autre attitude consiste à rechercher des éléments factuels nous permettant de nous distancier de ce type d’argumentation. Une petite enquête sur le World Wide Web peut nous y aider.

Qui est ce professeur Franz-Karl Reinhart ?

Son profil sur le site Internet de l’EPFL nous indique qu’il s’agit d’un ingénieur à la retraite de plus 85 ans spécialisé en électronique et qui s’est consacré plus particulièrement à « modulation électro-optique dans les guides d’onde à jonction p-n, aux lasers semiconducteurs à injection et à l’optique intégrée monolithique » et a enseigné dans le domaine de l’optique et de la physique du solide.

Si c’est bien un scientifique, force est de constater que son champ d’étude est très éloigné des questions climatiques. De plus son article a été écrit en 2014, alors que le professeur Reinhart était de longue date à la retraite.

C’est ici qu’intervient le prestige du titre de professeur dans une haute école qui permet de donner crédit à des théories élaborées finalement par des non spécialistes.

On retrouve la même technique lorsque des mouvements climato-sceptiques citent une pétition de 500 scientifiques qui s’opposeraient à l’urgence climatique. Outre le fait que cette lettre ouverte a été élaborée par un ancien ingénieur de Royal Dutch Shell, le titre d’ingénieur n’est de loin pas suffisant pour avoir un avis étayé en la matière. Une analyse des signataires est d’ailleurs édifiante puisqu’elle ne contient pas de climatologues, comme le relève Richard-Emmanuel Eastes dans un blog du Temps :

https://blogs.letemps.ch/richard-emmanuel-eastes/2019/09/26/des-scientifiques-contre-lurgence-climatique/.

Fichier : Des “scientifiques” contre l’urgence climatique – Savoirs en société

On pourrait rétorquer que « notre » prix Nobel Dubochet milite de son côté pour répondre à l’urgence climatique alors que ses recherches n’avaient pas de lien avec le climat. Mais il le fait en tant que citoyen et se base sur les travaux de ses confrères du domaine qui, de façon quasi unanime, alertent sur les causes anthropiques du changement climatique.

Il faut ici souligner que dans le domaine des sciences, qu’elles soient dures ou humaines, les chercheurs se reposent sur les études d’autres scientifiques pour progresser dans leurs recherches. Mais cela implique que ces études aient été publiées dans des revues scientifiques reconnues et validées scientifiquement en passant par les fourches caudines de comités de lecture composés de sommités du domaine (pairs).

Il est à noter que les théories de Franz-Karl Reinhart n’ont pas été publiées dans une revue scientifique de renom comme le relève Jean-Claude Keller dans son analyse. Cette absence de publication dans une revue scientifique est un indice de plus qui devrait nous mettre sur nos gardes. Une petite recherche de son article « Infrared absorption of atmospheric carbon dioxide » permet de retrouver un pdf hébergé sur le blog d’un certain André Bovay-Rohr… http://www.entrelemanetjura.ch/BLOG_WP_351/wp-content/uploads/2017/01/2017.01-20-FKR-sur-CO2.pdf

C’est d’ailleurs ce qui était arrivé au GIEC dont les conclusions étaient remises en cause par des sommités scientifiques américaines dans des publications grand public, sans passer par la validation de revues scientifiques ; ce qui allait à l’encontre de tout ce que ces chercheurs avaient fait dans leur propre domaine. On s’est ensuite rendu compte qu’ils étaient financés par des entreprises en lien avec des énergies fossiles pour « vendre du doute » c’est-à-dire utiliser leur crédit de scientifiques pour proposer d’autres hypothèses et affaiblir ainsi l’influence du GIEC. Plusieurs d’entre eux avaient d’ailleurs auparavant relativisé l’influence du tabac sur le cancer « en échange » de financements provenant des cigarettiers.

https://www.rts.ch/play/radio/impatience/audio/les-marchands-de-doute?id=3781987

En cherchant sur Internet le nom de Franz-Karl Reinhart on retrouve un article élogieux sur le site lesobservateurs.ch, un site visiblement islamophobe et d’extrême droite. On y précise que Franz-Karl Reinhart s’oppose à la Stratégie énergétique 2050 de la confédération, qui serait irréaliste et mettrait en danger notre compétitivité internationale et impliquerait une perte de niveau de vie et de confort. Même si rien ne nous dit que Reinhart partage ce type d’idéologie, on voit bien que ses positions sont très bien accueillies par ces milieux extrémistes.

A noter que dans le cas de la liste des 500 scientifiques opposés à l’urgence climatique, des liens avec des mouvements d’extrême droite ont également pu être démontrés.

https://lesobservateurs.ch/2014/10/03/transition-energetique-professeur-epfl-franz-karl-reinhart-denonce-sens-va-mettre-en-danger-notre-competitivite-internationale-impliquer-perte-niveau-vie-confor/

Fichier : Transition énergétique 

Qui est André Bovay Rohr ?

Une petite recherche nous montre qu’André Bovay Rohr est très actif sur internet, en particulier pour ajouter des commentaires aux articles.

A la suite d’un article de 2018 publié dans Le Bulletin « Quel bilan pour le photovoltaïque », il ajoute un commentaire pour réfuter le potentiel du photovoltaïque et faire comprendre que sans le nucléaire, les Suisses devront se serrer la ceinture.

https://www.bulletin.ch/fr/news-detail/quel-bilan-pour-le-photovoltaique.html

Fichier : novotny

A la suite d’un article dans le Migros Magazine, « Déchets radioactifs : qui veut d’un site d’enfouissement près de chez lui » André Bovay Rohr sous-entend l’existence de solutions de retraitement des déchets et d’extraction de l’énergie restante. En guise de validation, il renvoie sur un blog sur lequel il semble être particulièrement actif…

La revue Vigousse, nous apprend non sans humour que ce même André Bovay-Rohr, physicien de son état, a envoyé le 28 décembre 2016 une lettre à tous les géologues cantonaux arguant que le réchauffement climatique serait dû au «  prélèvement massif d’énergie sur les courants aériens par de vastes champs d’éoliennes, à l’étranger et en Suisse à l’échelle industrielle ». On y apprend qu’il est « un adepte fervent de l’atome »

http://www.vigousse.ch/numeros/261/pdf/Vigousse_no261.pdf

Fichier Vigousse_no261

Finalement, dans un blog du temps « Débat » André Bovay-Rohr d’avril 2017, il fustige la nouvelle loi sur l’énergie « Le naufrage programmé de la nouvelle loi fédérale sur l’énergie ». Il y argumente l’impossibilité de remplacer le nucléaire sans importer massivement de l’énergie étrangère. Il y minimise le risque radioactif et prétend à nouveau que le moyen de détruire les déchets nucléaires est connu…

https://www.letemps.ch/opinions/naufrage-programme-nouvelle-loi-federale-lenergie

Fichier : Le naufrage programmé

Comment contrer les arguments des climato-sceptiques ?

On a vu, par un petit parcours sur le web, et en se basant sur des points factuels, qu’il est déjà possible de mettre en doute la crédibilité des propos de André-Bovay Rohr.

Pour autant, il est aussi utile de disposer d’information pour contrer l’argumentation des climato-sceptiques. Un article de Pascaline Minet dans le Temps « Manuel de résistance au climatoscepticisme » est une source utile que je vous conseille de consulter.

https://www.letemps.ch/sciences/manuel-resistance-climatoscepticisme

fichier   Manuel de résistance au climatoscepticisme – Le Temps

Dans ce cadre l’argument le plus couramment utilisé est que le climat a toujours évolué. La terre a ainsi connu « naturellement » des périodes beaucoup plus chaudes et froides dans le passé. Avant même d’expliquer pourquoi la situation actuelle est atypique (voir l’article de Pascaline Minet), on devrait se poser la simple question suivante : Comment des milliers de scientifiques de très haut niveau, spécialisés dans le domaine du climat et qui consacrent leur vie à l’étudier ne se sont pas rendu compte que le climat pouvait changer à travers les âges et ont proposé à la place une autre théorie ?

Le manuel de résistance au climatoscepticisme énumère aussi quelques profils typiques de climatosceptiques. Franz-Karl Reinhart et André Bovay Rohr correspondent bien à celui-ci :

Les vieux professeurs
A chaque fois que nous faisons paraître un article sur le climat, ils nous écrivent pour nous dire que nous avons tout faux. Ces personnes ont souvent un bagage scientifique, sans pour autant être des spécialistes du climat. Ils pensent que la communauté des climatologues dans son ensemble est incompétente et qu’eux-mêmes détiennent une information clé. Dans cette famille, parfois virulente, on a du temps libre et une vision naïve de ses propres capacités.

On peut aussi ajouter à ce profil que ces vieux professeurs ont été nourris dans leur jeunesse des espoirs extraordinaires que suscitait l’énergie nucléaire civile. De plus, ils ont assisté à un développement matériel et scientifique remarquable qui semblait quasi infini. Il est certainement difficile pour eux d’accepter aujourd’hui qu’une partie de ces rêves soient remis en question.

La grandeur de la science est sa faiblesse

Le doute est au cœur de la démarche scientifique. Toute théorie, même que l’on croit gravée dans le marbre, pourrait être, si cela est démontré scientifiquement, remise en doute. Au niveau du grand public, cette particularité est souvent exploitée par les climatosceptiques. Ainsi lors de débats publics ceux-ci vont invariablement demander au scientifique s’il est 100% certain de ce qu’il avance ; ce qu’il ne peut déontologiquement pas faire. Les climatoscpetiques vont alors utiliser cette position de « faiblesse » qui est consubstantielle aux sciences, pour insuffler le doute dans l’esprit du public. Il est à noter que les climatosceptiques sont généralement particulièrement convaincus de leurs propres théories. Ils semblent ne pas connaître le doute, sauf à l’instiller pour mettre en cause les théories adverses.

Remerciements à Laure pour ses propositions et conseils

 

Messieurs M. André Bovay et le Prof. Franz-Karl Reinhart ont souhaité répondre à ce post. Voici donc leurs commentaires (sans commentaires…) :

Réponse à l’article de M. Martin Reeve (trouvé dans Animinfo),
ci-après  » article MR », de titre:

§ Le Pr. Reinhart dans ses publications relève par calculs que le CO2 a sur l’atmosphère une influence beaucoup moins intense que dans la théorie en cours, selon le consensus décidé au GIEC: ce n’est donc pas le CO2 émis par l’humanité qui aurait la propriété de déclencher un réchauffement climatique global important; mais c’est aux climatologues à assimiler ce fait dans leurs modèles.

L’article MR ne dit pas, quand il le cite, que le thème évoqué par le Pr.Reinhart concerne des travaux en physique (qui avec les mathématiques sert de base à toutes les autres sciences) publiés en 2014 et présentés en anglais, soigneusement étayés, relus par des collègues compétents; l’article MR les catalogue de ce fait à tort en climato-scepticisme, suivant le mauvais exemple de notre Presse et des médias, qui en ont censuré la substance. La critique du Pr. Keller de ces travaux n’a pas résisté à l’examen: il n’a pas compris qu’il s’agissait d’une étude du plafond des propriétés physiques du CO2 et nullement d’un modèle en climatologie.

A propos des remarques concernant le mode de publication du Pr. Reinhart: les revues dites « à comité de lecture » sont une véritable
industrie privée, extrêmement coûteuse et capricieuse: elles refusent parfois arbitrairement et sans recours possible de publier – ce fut le cas ici; il leur arrive aussi de subir, dans une atmosphère de concurrence frénétique, parfois un Lancetgate.

L’article MR cite les travaux scientifiques évoqués sous des termes inappropriés, déplacés ou persiffleurs: « affirmation », « argumentation »,
« théories élaborées finalement par des non-spécialistes », « à l’encontre du consensus scientifique actuel ». La suite de l’article MR rapporte
– à propos du GIEC que d’autres chercheurs (sommités scientifiques américaines) semblablement perturbants par leurs remarques,
seraient des corrompus;
– que le site https://lesobservateurs.ch tenu par le Pr Windisch, ancien de l’Uni de Genève, (le Pr. Reinhart y ayant publié le 3.10.2014 à propos d’électricité en Suisse), serait islamophobe et d’extrême droite.

Un tissu de calomnies, sans rapport avec le sujet, suggérant un abus du titre de Professeur: M. Martin Reeve pour ses insinuations va devoir présenter des excuses et offrir des réparations au Pr. Reinhart et au Pr. Windisch.

  • M. Martin Reeve ignore largement le mode de fonctionnement de scientifiques ou d’ingénieurs; dans son article MR, il s’est lourdement trompé dans son exemple. En faisant plus de physique et de thermodynamique, il réaliserait que la disparition de données scientifiques fausses sur le CO2 mettrait fin à une foule de complications, de tracas et de taxes infondées qui nous menacent.

Il cesserait dès lors aussi de faire enseigner à la jeunesse des écoles vaudoises des données scientifiques dépassées – devenues fausses – sans devoir par ailleurs se préoccuper de l’opinion d’une très distinguée cohorte de scientifiques, dont les connaissances sur le CO2 ont besoin de mise à jour.

  • André Bovay-Rohr: n’étant pas professeur, je suis physicien de formation et informaticien système de profession, à la retraite depuis 1994, totalement indépendant; ma famille est propriétaire écolo d’une maison: on trouve 20 m2 de panneaux thermiques rentables sur son toit depuis 2005; d’autre part, je suis propriétaire et éditeur du blog « Toutes les énergies » depuis 2010 (de lien actuel
    http://www.entrelemanetjura.ch/BLOG_WP_351/). Il est peu plausible, discourtois et calomnieux, de prétendre, je cite: « On a vu, par un petit
    parcours sur le web, et en se basant sur des points factuels, qu’il est déjà possible de mettre en doute la crédibilité des propos de André-
    Bovay Rohr »; par principe, que ce soit dans mes articles, commentaires ou lettres, leur contenu a fait l’objet de travaux scientifiques ou de calculs, en général publiés dans mon blog; c’est l’auteur de ces affirmations, pour n’avoir pas lu ou pas compris mon blog, en lecture superficielle du web donc, qui se discrédite.

J’ai été très étonné de la publicité malveillante qui m’est faite dans l’article MR, dont je n’ai pas reçu copie lors de sa parution; me voir défini publiquement, selon des sources aussi peu fiables, est plutôt déroutant: par ex. Vigousse ou le « Manuel de résistance au climatoscepticisme » de Mme Pascaline Minet (celui-ci contient une erreur monumentale à propos de CO2 dans le passé lointain).

M.Martin Reeve pour ces offenses va donc devoir me présenter des excuses et m’offrir des réparations.

  • En ce qui concerne l’énergie nucléaire civile, les calculs de M.Pr.Reinhart, de M.Bovay-Rohr, et d’électriciens chevronnés, pour le futur de l’électricité en Suisse et en Europe, montrent l’impossibilité technique et industrielle de la remplacer par des énergies renouvelables (comme décrit dans la stratégie énergétique de la Confédération et ancré dans la législation): loin des rêves dont parle l’article MR, ces messieurs en ont averti par écrit les responsables de la Confédération.

L’impossibilité industrielle a son origine dans les conflits prévisibles entre demandes des divers usagers et réponses peu fiables des sources disponibles; pour amener à une efficacité insuffisante des processus considérés, il y a:

1) Les limites imposées par la physique et la technique (et ce sont des ordres de grandeurs des effets considérés!); par exemple le difficile
mariage entre forts besoins incompressibles d’énergies et leurs faibles sources chaotiques, peu stables, peu denses, souvent absentes aux
pires moments, comme l’eau du ciel, le vent ou le soleil.
2) Les aspect de coûts et d’emploi, ainsi que ceux de politique locale et internationale.
3) La protection de l’environnement contre les pollutions inhérentes aux constructions, à la production (qu’on pense aux fumées) et à
l’accumulation (qu’on pense aux barrages).
4) Les considérations de durabilité.
5) Les considérations de limites des ressources (par exemple en terres rares ou en métaux spéciaux).

Le monde officiel s’est dit un peu légèrement que les ingénieurspourraient franchir ces obstacles, alors que même à grande échelle ils s’avèrent en pratique et par calculs insurmontables. La punition pour avoir ignoré les mises en garde – outre le fardeau de dépenses pharaoniques déjà engagées – avec un peu de malchance risque de se manifester en hiver, dans les années qui viennent, sous formes de pannes totales du réseau électrique pour plusieurs jours, à l’échelle des pays européens; ce fut le cas en Australie du Sud dès le 28.9.2016: c’est très douloureux et ruineux, quand ça survient en 12 secondes; dommage d’exposer ainsi le pauvre peuple vaudois et suisse à des risques pareils. Nos élèves méritent d’en être informés, avant de se lancer dans quelques années dans l’acquisition de chauffages à pompes à chaleur ou de voitures électriques.

Pr. Franz-Karl Reinhart Lausanne, le 23 juin 2020
André Bovay-Rohr, Colombier, le 23 juin 2020

 

Nouvelle étiquette-énergie pour les voitures

Depuis le 1er janvier 2020, un nouveau mode de calcul de l’étiquette-énergie des voitures de tourisme a été introduit. Les modifications principales sont :

  • Passage de la procédure d’essai NCEC (nouveau cycle européen de conduite) à la procédure d’essai WLTP (Worldwide Harmonized Light-Duty Vehicles Test Procedures). Avec cette nouvelle méthode on obtient des résultats d’émission de CO2 plus élevés qu’auparavant. Pour tenir compte de cette différence de calcul la valeur cible de 95 g/km est augmentée de 21% et s’établit dorénavant à 115 g/km.
  • La prise en compte du poids du véhicule à vide pour l’attribution de la note (A à E) est supprimée. Auparavant une grande  partie du poids des véhicules était « décompté » dans le calcul pour que dans toutes les catégories on trouve des modèles A ou B. Le calcul de l’efficacité énergétique se fondera dès lors uniquement sur la consommation en litres par kilomètre et ne sera plus pondérée en fonction du poids du véhicule.
  • D’autres changements vont renforcer la visibilité de l’étiquette-énergie dans la publicité et les canaux de vente.

Infos sur le site de la Confédération

L’importance du poids du véhicule

Quel que soit l’énergie de propulsion, le poids du véhicule est prépondérant dans sa consommation. En effet, pour déplacer 1.6 personnes (moyenne des passagers en Suisse) nous utilisons des engins pesant en moyenne 1,5 tonnes! C’est donc bien le poids de la voiture à vide et non son chargement qui influe le plus sur sa consommation.

Du fait  notamment des normes de sécurité toujours plus sévères, le poids des voitures a augmenté de 60% depuis les années 60 (+300kg depuis 1990), ce qui va à l’encontre des objectifs environnementaux. Pourtant, une diminution d’environ 20% le poids des voitures (250kg) permettrait des baisses d’émissions d’environ 20 gr de CO2. (article du point (2013))

Fichier : Trois projets pour alléger de 20 % le poids des voitures _ Automobile.pdf

A l’heure des SUV, 4X4 et autres monstres de la route, on peut s’interroger sur la contradiction d’une industrie qui déploie de grands efforts pour proposer des propulsions alternatives tout en alourdissant constamment ces mêmes véhicules ce qui, annule en grande partie les progrès réalisés.

La suppression de la pondération par le poids des véhicules dans la nouvelle étiquette-énergie est donc une bonne nouvelle mais sera-t-elle suffisante pour inciter les utilisateurs à opter pour des véhicules plus légers et plus sobres ? Pour pousser les constructeurs à faire plus d’efforts en la matière, des limites de poids ne devraient-elles pas être imposées ? Une taxe incitative sur les voitures les plus lourdes ne devrait-elle pas être introduite pour pousser les consommateurs à modifier leurs choix?

Arrêt définitif de la centrale nucléaire de Mühleberg avant Noël

Le 20 décembre 2019, la centrale nucléaire de Mühleberg sera mise hors service.

Elle couvrait près de 5% des besoins suisses totaux en électricité.

Il restera en Suisse 3 centrales nucléaires et 4 réacteurs soit :

  • Beznau I et II
  • Gösgen
  • Leibstadt

Après 47 ans de fonctionnement, les exploitants ont décidé d’arrêter de l’exploiter pour des raisons économiques.

En effet, étant donné sa vétusté, les travaux nécessaires au maintien de sa sécurité ont été jugés trop coûteux.

Il s’agit de la première centrale suisse à être démantelée et les coûts de démantèlement sont estimés par l’exploitant à 927 millions de francs et à 1,43 millards pour la gestion des déchets (200’000 tonnes dont moins de 10% sont radioactifs).

Il est difficile de savoir si ces coûts sont réalistes, car si près de 100 réacteurs ont été arrêtés définitivement dans le monde très peu ont été démentelés ou sont en cours de démantèlement.

Ce qui est certain c’est que la désaffectation sera un processus très long (~15-20 ans) .

Pour ce qui est des autres centrales suisses, aucune date de fin d’exploitation n’a été fixée.

A noter que la Suisse dispose avec Beznau I de la plus ancienne centrale nucléaire en fonctionnement du monde !

Brochure sur le démentèlement publiée par l’exploitant (BKW)

Article 24heures arret_muhleberg_24hs

Déchets nucléaires suisses : le point de la situation

Alors que la Suisse a décidé à moyen terme de sortir du nucléaire et que la centrale de Mühleberg sera fermée d’ici la fin de l’année 2019, la question de la gestion des déchets nucléaires reste entière. En effet, même une fois sortie du nucléaire, la Suisse devra trouver des solutions pérennes pour maîtriser la gestion des déchets nucléaires qu’elle aura généré pendant 50 ans.

Selon la Confédération, ces déchets (y compris ceux provenant de l’industrie, de la recherche et de la médecine) représentent un volume de quelque 100’000 mètres cubes, dont près de 90 % de déchets faiblement ou moyennement radioactifs (DFMR) et 10% hautement radioactifs (DHR). Certains de ces déchets devront être stockés 1 millions d’années pour ne plus représenter de danger pour l’être humain.

Les déchets radioactifs sont actuellement stockés dans des halles à proximité des centrales nucléaires et dans deux dépôts intermédiaires en Argovie. Il s’agit donc de solutions provisoires.

Une des solutions « définitive » consisterait à les enfouir dans des couches géologiques très profondes et stables.

En Suisse c’est la CEDRA/NAGRA (Conditionnement et d’Entreposage de Déchets RAdioactifs) qui est chargée par la Confédération et les producteurs de trouver des emplacements adéquats.

La procédure pour déterminer des sites adéquats passe par une série d’étapes définies dans un Plan sectoriel «Dépôts en couches géologiques profondes» (PSDP).

  • 2008-2011 – Proposition de 6 emplacements possibles
  • 2011-2018 – Sélection de deux sites au moins par type de dépôt
  • 2018-2029 – Forages, choix définitifs et autorisations
  • 2030-2031 – Approbation par les autorités (votation éventuelle)

La CEDRA/NAGRA a proposé 6 sites possibles pour les déchets hautement radioactifs (DHR) et moyennement à faiblement radioactif (DFMR) :

Image : fit-320×320.jpg

Parmi ces sites, la CEDRA/NAGRA  a ensuite sélectionné deux sites pouvant accueillir tant des déchets (DHR) que (DFMR) :

  • Jura-est (canton d’Argovie)
  • Zurich nord-est (cantons de Thurgovie et de Zurich)

Le Conseil fédéral a décidé que ces deux emplacements ainsi que celui de « Nord des Lägern » devaient encore faire l’objet d’études complémentaires. Cela signifie que 3 sites restent en course pour accueillir nos déchets nucléaires. Des emplacements de surface ont aussi été déterminés.

La CEDRA/NAGRA a déposé 23 demandes d’autorisation pour des forages profonds. En avril 2019, le premier forage a commencé à Bülach suivi en août d’un deuxième à Trüllikon.

Si la Confédération avance de manière très progressive, c’est que la question de la gestion des déchets nucléaire est extrêmement délicate et controversée. En effet, comment garantir que dans le million d’années à venir, les déchets enfouis, même à 1 kilomètre de profondeur, ne représenteront pas de danger pour la population ?

Si l’on se place du point de vue du site kernenergie.ch (site d’information des producteurs d’énergie nucléaire)  l’enfouissement en couche profonde des déchets nucléaires n’apporte que des avantages :

… A 500 à 700 mètres de profondeur, les déchets radioactifs sont si éloignés et si bien isolés de l’espace de vie des humains que l’on peut sans crainte les oublier, indépendamment des évolutions sociales et climatiques qui se produisent à la surface de la Terre.

Ce que l’on peut rétorquer à ce point de vue très « optimiste », c’est que dans le monde aucun enfouissement profond de déchets nucléaires de haute radioactivité n’a jamais encore été réalisé… L’énergie nucléaire n’a-t-elle pas finalement comme principal défaut de dépasser l’entendement humain avec toutes les conséquences possibles qui en découlent ?

Gilets jaunes et taxes sur les énergies fossiles

Tout le monde a entendu parler de la crise des gilets jaunes. Sans vouloir analyser les causes profondes de cette « jacquerie à la française », il est intéressant de rappeler que la revendication centrale des manifestants est l’annulation d’une augmentation de taxe sur les carburants. En renchérissant petit à petit le prix des produits pétroliers, le gouvernement français souhaitait diminuer la production de CO2 en encourageant les économies d’énergie, l’achat d’appareils moins gourmands et les comportements responsables. Cette « taxe écologique » devait permettre d’anticiper l’augmentation inévitable du prix des énergies fossiles liée à leur raréfaction et lutter, dès aujourd’hui, contre le réchauffement climatique.

En Suisse, ce principe est déjà appliqué. Le prix de l’essence et des énergies de chauffage sont majorées d’une taxe CO2. Environ 2/3 du revenu de cette taxe est reversé à la population (par ex. en diminution des primes maladies) et aux entreprises. Le tiers restant est investi dans le « programme bâtiments » qui promeut des mesures de réduction des émissions de CO2 (subventionnement des assainissements de bâtiments,  énergies renouvelables, recherche).

Le Conseil national a mené de grands débats jusqu’en début de cette semaine sur la révision de la loi CO2. En effet, pour respecter les engagements de la Suisse dans les accords de Paris, il est envisagé d’augmenter le prix de la tonne de CO2. Le débat a été vif et il a même été question de la possibilité encore très hypothétique de taxer le kérosène des avions qui échappe encore à toute taxe (Le Temps pdf). Le 11 décembre, le National a refusé cette nouvelle loi sur le CO2 au grand dam des milieux environnementaux. Dans le courant des discussions la taxe sur le kérozène avait déjà été refusée, l’augmentation du prix des carburants limité et les sanctions pour les importateurs de carburants qui ne compensent pas correctement les émissions de CO2 diminuées. Le National avait surtout refusé de fixer un objectif de réduction précis de CO2. Suite à ce refus, la loi va retourner au Conseil des Etats et la décision finale est prévue en 2019. Il est probable que la crise des gilets jaunes en France ait influé sur la décision de certains parlementaires car ils craignaient aussi une forte opposition et la possibilité « q’un référendum anti taxe » soit accepté par le peuple.

Le principe d’une taxe CO2 existe dans d’autres pays sous des formes diverses. Par exemple, la Suède a été la première à introduire une taxe carbone en 1991. En Finlande et au Danemark ce type de taxe existe aussi. En Grande Bretagne, depuis 2001, une taxe sur l’utilisation commerciale ou industrielle de l’énergie est appliquée (les ménages et des associations d’utilité publique ne sont pas concernés).

L’exemple français met surtout en lumière la contradiction entre une transition énergétique nécessaire et les préoccupations immédiates de la population; entre une politique de moyen-long terme et une autre de plus court-terme que les élus sont souvent enclins à privilégier pour des raisons électorales.

Comme le relève le journal anglais The Guardian dans un article titré « how_to_make_carbon_tax_popular_pdf » une province du Canada a introduit en 2008 une taxe carbone avec un remboursement de celle-ci au travers de réductions d’impôt. Cette taxe au « revenu neutre » bien qu’acceptée localement n’a pas été appliquée dans d’autres états canadiens car elle est semble-t-il « diabolisée» dans le débat politique.

Si le modèle suisse prévoit aussi une redistribution, il est peu probable que ce mécanisme puisse résoudre la crise française. En effet la redistribution est générale et ceux qui, parfois par nécessité, doivent beaucoup utiliser leur voiture, ne reçoivent pas un remboursement à hauteur des taxes qu’ils ont versées. Parmi les nombreuses interviews des gilets jaunes on a d’ailleurs beaucoup entendu qu’ils étaient favorables à agir pour le climat mais qu’ils estimaient que l’effort qui leur était imposé était injuste car inégalitaire.

Dans tous les cas, il est évident que des taxes environnementales ne peuvent être imposées sans un minimum d’acceptation de la population. Ceci plaide pour une bonne sensibilisation du public. Ainsi, les campagnes d’information n’ont pas comme unique but de changer directement les comportements. Elles ont aussi comme objectif de mieux faire comprendre les grands enjeux qui sous-tendent les politiques environnementales. Avec une population mieux informée, les efforts demandés ont de meilleures chances d’être acceptés et les modalités de leur mise en place pourront être discutées dans le cadre d’un débat constructif et apaisé.

Un changement_habitutes_rts a montré que 2/3 des suisses étaient prêts à changer leur mode de vie pour contribuer à un monde plus durable. Ceci est réjouissant, mais il n’est pas certain que le résultat du sondage eût été le même si les sondés avaient été informés très précisément des contraintes qui leurs seraient imposées…

Centrales nucléaires vieillissantes: 3 annonces le même jour

Voici trois nouvelles qui ont été rendues publiques le même jour :

La centrale nucléaire de Mühleberg sera définitivement fermée à fin 2019
les forces motrices bernoises (BKW) ont fait cette annonce car les travaux nécessaires pour maintenir la sécurité sont trop élevés. Il est à noter que le réacteur de Beznau I est actuellement à l’arrêt et pourrait aussi ne jamais redémarrer. Pour information, Beznau est la plus ancienne centrale nucléaire au monde en fonctionnement (1969) !

Durée de vie illimitée pour les centrales nucléaires suisses ?
Le National s’est opposé à toute limitation de la durée de vie des centrales nucléaires par 131 voix contre 64. Cette décision contredit ses positions précédentes.

Centrale nucléaire du Bugey (FR): La ville et le canton de Genève déposent plainte contre la France
Cette plainte contre X pour mise en danger de la vie et pollution des eaux est motivée par l’âge de la centrale qui ne se trouve qu’à 70km de Genève.

Tout n’est peut-être pas coïncidence, mais cela montre que dans le contexte de surproduction d’électricité en Europe, la volonté de faire durer les vieilles centrales risque d’être contrecarrée par les dures lois économiques. La transition énergétique semble donc bien inéluctable, raison supplémentaire de s’y engager de façon volontaire et déterminée.

articles & captures d’écrans :

rts Mühleberg & durée
Le Temps – Bugey

Informatiosn complémentairse :

La ministre française de l’environnement s’est déclarée le 28 février dernier favorable à un allongement de 10 ans de la durée de vie des centrales nucléaires françaises…
Le Monde – Ségolène Royal « prête » à prolonger de 10 ans la durée de vie des centrales nucléaires

Un jour après les annonces suisses, l’Allemagne réitère sa demande auprès de la France de fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim en Alsace > dépêche du Temps