Pas de crise pétrolière en vue ?

Vous avez peut-être entendu parler sur la RSR ce matin d’une étude d’un bureau d’analyse anglais qui conclut que le monde va consommer en 2035 mois de pétrole qu’aujourd’hui.

Ces conclusions, qui vont à l’encontre de la plupart des analyses actuelles, vont certainement recueillir un grand écho surtout de la part de ceux qui s’opposent aux efforts d’économies. Il y a donc des chances que vous en entendiez encore parler prochainement de cette étude avec des titres « vulgarisés » du type »La crise pétrolière n’aura pas lieu« , etc.

Pourtant, si l’on regarde un peu plus en détail les conclusions de l’étude, on s’aperçoit que la consommation va augmenter jusqu’en 2020, puis seulement diminuer après. De plus, ce sont justement les politiques énergétiques volontaristes des Etats qui expliqueraient, en partie, ce scénario surprenant.

Un résumé de l’analyse en anglais se trouve ici en pdf

L’étude, tout en tenant compte de l’augmentation du nombre de véhicules dans les pays émergents, prend en compte les politiques des Etats qui souhaitent réduire leur dépendance au pétrole. Cela signifie par exemple, l’augmentation de l’utilisation du gaz naturel ou de bio-éthanol. L’étude prévoit également que les véhicules vont beaucoup moins consommer grâce aux progrès techniques et à des normes anti-pollution beaucoup plus restrictives.

Même s’il s’agit d’une analyse qui semble « très optimiste », cette étude ne remet pas en cause le fait que nous nos réserves d’énergies fossiles sont limitées et que la consommation mondiale, même si elle déclinera peut-être un peu, restera énorme. Par exemple, le passage au gaz naturel pour les véhicules ne fera que repousser le problème. Ce scénario est finalement « moins pire » que ceux communément présentés, mais il n’est pas non plus « très joyeux »…

Pour finir, lorsqu’une information de ce type émerge, il est important de vérifier sa crédibilité et en particulier l’impartialité des émetteurs. Quelques recherches sur Internet ne m’ont pas permis de clarifier ce point.

Le bureau Ricardo Strategic Consulting est un bureau sérieux qui conseille des entreprises dans le domaine des transports et de l’énergie (constructeurs automobiles, industries militaires, secteur des énergies propres, etc.).

www.ricardo.com

Pour ce rapport, il a collaboré avec Kevin J. Lindemer LLC un ingénieur américain qui a travaillé dans le domaine du raffinage de pétrole avant de conseiller de grandes entreprises.

site du bureau Kevin J Lindemer LLC

Ceci n’est pas suffisant pour discréditer l’étude, mais des liens très étroits avec l’industrie peuvent influencer certaines études car il existe une tendance naturelle à faire correspondre certaines conclusions aux « attentes » des clients.

Dans le cas présent, ce rapport a été financé et remis à des entreprises dont on ne connaît pas le nom. Alors que logiquement ce rapport aurait dû rester confidentiel et divulgué aux seuls commissionnaires (c’est eux qui l’ont payée !), ses conclusions ont été rendues publiques car « étant donné les découvertes extrêmement intéressantes et stratégiques de l’étude, Ricardo a décidé d’en révéler les points principaux« …

Le nucléaire en Europe

Voici un lien sur une carte de la TSR qui montre les différentes situations et options dans le domaine du nucléaire en Europe.

http://info.tsr.ch/cartes/info.php?carte=46

Si l’Allemagne a décidé de la sortie du nucléaire et que la Suisse pourrait la suivre, d’autres pays comme l’Angleterre ou la France semblent ne pas vouloir abandonner l’atome.

Il est aussi important de s’interroger sur les modes de production de l’électricité qui viendrait à remplacer le nucléaire. En effet, installer à la place des centrales nucléaires des centrales au charbon accentuera l’épuisement

Les réacteurs nucléaires dans le monde

Voici un lien sur une animation interactive qui montre l’évolution du nombre de réacteurs nucléaires dans le monde.

animation BBC

Cela répond déjà à une question souvent posée dans les animations : Combien y-a-t-il de réacteurs nucléaires dans le monde en 2011 ???

Il est intéressant de voir le nombre de pays augmenter mais aussi le boom des années 70-80.

A noter que le graphique indique le nombre absolu de centrales par pays et ne tient donc pas compte de la population ou de la surface de ceux-ci.

Gaz de schiste

On parle beaucoup ces derniers temps du gaz de schiste.

Image : Gaz_schiste_puit.jpg

Voir article de 20minutes : article 20 minutes

Cet article est comme toujours très « résumé » et sous-entend que l’utilisation du gaz de schiste sera utilisé pour la production d’électricité alors qu’il peut être utilisé comme du gaz naturel conventionnel (électricité, chauffage, transports). A le lire, on aurait trouvé une solution au problème de l’épuisement des énergies fossiles car les réserves sont énormes. Bien entendu, tout n’est pas si rose…

Les schistes bitumeux sont des roches (qui ressemblent à de l’ardoise) qui contiennent des hydrocarbures. Jusqu’à présent, les schistes étaient peu exploités du fait de la difficulté d’extraction des hydrocarbures qu’ils contiennent et donc des coûts engendrés.

Avec le prix du pétrole qui va en augmentant (raréfaction, consommation mondiale en hausse) ces réserves deviennent soudain intéressantes car :

– il y a d’énormes réserves de schistes bitumeux sous la terre
– de nouvelles méthodes permettant de forer « verticalement » puis « horizontalement » ont été développées
– ce surplus de gaz non conventionnel pourrait freiner l’augmentation des prix dû à la raréfaction des ressources et répondre à la croissance de nos consommations.
– les gisements de schistes sont bien répartis sur la planète. Beaucoup de pays sont intéressés à moins dépendre de l’étranger pour leurs énergies fossiles (par. ex. USA, France, etc.)

Mais l’exploitation des schistes bitumeux pose de nombreux problèmes :

– une part des réserves estimées sera inexploitable (trop profond, sous les océans, pas assez rentable, etc.). De plus, ces estimations partent généralement d’un taux d’extraction idéal qui est rarement atteint. Comme pour le pétrole, et peut-être encore plus pour les schistes, la majeure partie des hydrocarbures restera emprisonnée dans la roche.
– le coût d’extraction sera élevé (influence sur le prix)
– il s’agit d’énergie fossile dont l’utilisation sera polluante
– il s’agit d’une énergie non renouvelable (cela ne fera que repousser le problème de l’épuisement des ressources fossiles).

L’extraction entraîne surtout de nombreux risques :
– risque de fuites de gaz
– utilisation de grandes quantités d’eau pour l’extraction (cette eau aurait pu servir à d’autres utilisations comme l’agriculture)
– l’eau utilisée est polluée par des solvants et devra être traitée.
– l’utilisation de solvants pour extraire le gaz représente des risques de pollutions graves des nappes phréatiques

Voir l’article suivant : info de l’Association Québécoise de
Lutte contre la Pollution Atmosphérique (AQLPA)

Le gaz de schiste en Europe

Une des raisons qui a mis récemment le gaz de schiste sur le devant de la scène médiatique est l’autorisation par le ministre français Jean-Louis Borloo de recherches de gisements dans le Larzac, la Drôme, les Cévennes et l’Ardèche. Sa décision a entraîné une levée de boucliers des milieux de la protection de l’environnement.

Il y a d’autres gisements potentiels en Europe, même en Suisse semble-t-il :

Voir : graphique du ‘European Energy Review’

Affaire à suivre…

Les réserves de charbon de mine diminueraient beaucoup plus vite que prévu

Selon un article publié dans la revue américaine Nature, les réserves de charbon diminuent beaucoup plus vite que prévu. La raison en est l’augmentation de la consommation, notamment par la Chine. Il y a également des doutes sur la qualité énergétique de certaines réserves, et sur leur accessibilité, par exemple sous les océans.

Selon les auteurs, Richard Heinberg et David Fridley, le charbon pourrait commencer à manquer d’ici une trentaine d’années. D’ici là, son prix devrait augmenter fortement. Comme ils le précisent, la politique mondiale de l’énergie table sur un prix du charbon bas et le développement de technologies de charbon « propres ». Cette erreur d’appréciation freine fortement les efforts de développement d’énergies alternatives et d’augmentation de l’efficacité énergétique.

World energy policy is gripped by a fallacy — the idea that coal is destined to stay cheap for decades to come. This assumption supports investment in ‘clean-coal’ technology and trumps serious efforts to increase energy conservation and develop alternative energy sources

3 nouvelles centrales nucléaires en projet pour remplacer les centrales suisses vieillissantes.

Les experts de l’IFSN (Inspection fédérale de la sécurité nucléaire) se sont prononcés en faveur de 3 nouvelles centrales nucléaires construites sur les emplacements des centrales actuelles.

Très vraisemblablement le peuple suisse devra se prononcer à ce sujet (2013 ?). Nous allons donc entendre beaucoup parler de ce thème brûlant dans les médias et par répercussion dans les écoles.

Le choix de construire aux emplacements actuels permettra aux promoteurs d’éviter trop d’oppositions locales. En effet, les populations locales sont généralement en faveur des centrales qui assurent des revenus d’impôt élevés et des emplois.

Affaire à suivre :

annonce de la TDG

Nous avons aussi notre forage pétrolier…

Le forage près de Noville (au bout du lac Léman, vers Villeneuve) se poursuit et l’on saura au premier trimestre 2011 s’il y a du gaz ou du pétrole sous le lac.

Pour des raisons legislatives le forage n’est pas effectué offshore comme la tristement célèbre plate-forme américaine qui déverse actuellement son pétrole dans le golfe du Mexique.

L’article suivant apporte des précisions : article du Temps