Depuis le 13 septembre, les Services industriels de Genève mènent une vaste campagne d’analyse nocturne du sous-sol genevois. Il est vrai que la région genevoise a une potentiel géothermique prometteur qui pourrait couvrir 20% des besoins totaux de Genève en chaleur et en froid d’ici 2035 !! (article sur RTS). Des camions font vibrer le sol et les résonances sont enregistrées par des capteurs ce qui permettra de déterminer les lieux les plus prometteurs en matière de géothermie.
Si Genève est une région très prometteuse, le canton de Vaud dispose aussi d’un potentiel prometteur qui est estimé à 350 GWh/an, soit l’équivalent de l’alimentation en chaleur de 20’000 ménages. Pour l’exploiter, le Canton mise sur la création de 20 centrales géothermiques d’ici à 2050. Deux projets sont déjà bien avancés : à Vinzel, un forage à 2’200 mètres de profondeur est prévu pour alimenter un chauffage à distance, à Lavey-les-Bains c’est un forage de 2’300 à 3’000 mètres qui permettra de produire à la fois de l’électricité (4 GWh/an) et de la chaleur pour les bains thermaux (15 GWh/an). D’autres projets sont également en cours de planification. (voir le cadastre de géothermie basse température sur le géoportail vaudois www.geo.vd.ch [thème énergie]).
Dans le journal 20 minutes on apprend aujourd’hui que des boîtiers de mesures ont été vandalisés à Genève avec des dégâts se montant à 90’000.- Frs. Des bouteilles ont même été lancées sur des employés. On apprend également que les vibrations ont été plus fortes que prévu et que les camions vibreurs les plus bruyants ont été retirés pour ménager la population et certainement pour éviter d’attiser les oppositions.
En ce qui concerne le vandalisme, l’article ne nous donne pas les raisons, mais on peut constater que malgré l’urgence climatique et les objectifs nécessaires de diminution de nos émissions polluantes, les projets d’exploitations d’énergies renouvelables entraînent souvent de fortes oppositions. Même si certaines oppositions sont parfois compréhensibles, on doit reconnaître que le principe du « not in my backyard« , l’opposition absolue à tout risques financiers ou technologiques (même très faibles) et la non acceptation de tout désagrément, même temporaire, sont à l’oeuvre.
Dans le cas de la géothermie, les risques sont très réduits, mais l’expérience du mini « tremblement de terre » survenu lors d’un forage dans la région bâloise permet à certain d’attiser les craintes. De plus, les ressources ne sont jamais garanties. En effet, certains forages, comme celui de St-Gall, se sont révélés décevants. (voir nos posts précédents).
En ne voulant rien changer, en n’acceptant aucun compromis ou risque, la Suisse ne pourra jamais atteindre ses objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre. Ne pourrait-on pas prendre exemple sur les ingénieurs et décideurs courageux qui dans les années ’50 ont développé nos grands barrages hydrauliques et ont permis à la Suisse de disposer aujourd’hui d’une production électrique majoritairement renouvelable ?
L’information à la population a été faite, de nombreux articles et des documents didactiques produits, mais on peut constater que la sensibilisation de la population et des jeunes en particulier est un travail inlassable pour contrer les « fake news », les exagérations, et les lobbys du « non changement ». Il est important d’apporter des renseignements crédibles et mesurés, ne jamais cacher les compromis et risques nécessaires tout en démontrant que ceux-ci sont acceptables en comparaison des bénéfices que nous pourrons tirer d’une société énergétiquement durable.