Alors que la Suisse a décidé à moyen terme de sortir du nucléaire et que la centrale de Mühleberg sera fermée d’ici la fin de l’année 2019, la question de la gestion des déchets nucléaires reste entière. En effet, même une fois sortie du nucléaire, la Suisse devra trouver des solutions pérennes pour maîtriser la gestion des déchets nucléaires qu’elle aura généré pendant 50 ans.
Selon la Confédération, ces déchets (y compris ceux provenant de l’industrie, de la recherche et de la médecine) représentent un volume de quelque 100’000 mètres cubes, dont près de 90 % de déchets faiblement ou moyennement radioactifs (DFMR) et 10% hautement radioactifs (DHR). Certains de ces déchets devront être stockés 1 millions d’années pour ne plus représenter de danger pour l’être humain.
Les déchets radioactifs sont actuellement stockés dans des halles à proximité des centrales nucléaires et dans deux dépôts intermédiaires en Argovie. Il s’agit donc de solutions provisoires.
Une des solutions « définitive » consisterait à les enfouir dans des couches géologiques très profondes et stables.
En Suisse c’est la CEDRA/NAGRA (Conditionnement et d’Entreposage de Déchets RAdioactifs) qui est chargée par la Confédération et les producteurs de trouver des emplacements adéquats.
La procédure pour déterminer des sites adéquats passe par une série d’étapes définies dans un Plan sectoriel «Dépôts en couches géologiques profondes» (PSDP).
- 2008-2011 – Proposition de 6 emplacements possibles
- 2011-2018 – Sélection de deux sites au moins par type de dépôt
- 2018-2029 – Forages, choix définitifs et autorisations
- 2030-2031 – Approbation par les autorités (votation éventuelle)
La CEDRA/NAGRA a proposé 6 sites possibles pour les déchets hautement radioactifs (DHR) et moyennement à faiblement radioactif (DFMR) :
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Parmi ces sites, la CEDRA/NAGRA a ensuite sélectionné deux sites pouvant accueillir tant des déchets (DHR) que (DFMR) :
- Jura-est (canton d’Argovie)
- Zurich nord-est (cantons de Thurgovie et de Zurich)
Le Conseil fédéral a décidé que ces deux emplacements ainsi que celui de « Nord des Lägern » devaient encore faire l’objet d’études complémentaires. Cela signifie que 3 sites restent en course pour accueillir nos déchets nucléaires. Des emplacements de surface ont aussi été déterminés.
La CEDRA/NAGRA a déposé 23 demandes d’autorisation pour des forages profonds. En avril 2019, le premier forage a commencé à Bülach suivi en août d’un deuxième à Trüllikon.
Si la Confédération avance de manière très progressive, c’est que la question de la gestion des déchets nucléaire est extrêmement délicate et controversée. En effet, comment garantir que dans le million d’années à venir, les déchets enfouis, même à 1 kilomètre de profondeur, ne représenteront pas de danger pour la population ?
Si l’on se place du point de vue du site kernenergie.ch (site d’information des producteurs d’énergie nucléaire) l’enfouissement en couche profonde des déchets nucléaires n’apporte que des avantages :
… A 500 à 700 mètres de profondeur, les déchets radioactifs sont si éloignés et si bien isolés de l’espace de vie des humains que l’on peut sans crainte les oublier, indépendamment des évolutions sociales et climatiques qui se produisent à la surface de la Terre.
Ce que l’on peut rétorquer à ce point de vue très « optimiste », c’est que dans le monde aucun enfouissement profond de déchets nucléaires de haute radioactivité n’a jamais encore été réalisé… L’énergie nucléaire n’a-t-elle pas finalement comme principal défaut de dépasser l’entendement humain avec toutes les conséquences possibles qui en découlent ?