Ces dernières années les grandes entreprises productrices d’électricité suisses (Alpiq, Axpo) ont annoncé de très gros déficits. Cela s’explique principalement par le fait que l’électricité hydraulique est de moins en moins rentable face à une surcapacité de production en Europe résultant en partie du développement des nouvelles énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque), massivement subventionnés. Dans le passé, il était toujours rentable de turbiner l’eau des barrages aux heures de pointes en vendant l’électricité très chère à l’étranger. Aujourd’hui, il suffit que du vent et/ou du soleil soient présents à ces heures pour que l’électricité soit rachetée très bon marché car abondante.
En crise, les barrages suisses s’infligent une cure d’austérité – Le Temps
Cette situation a mené l’entreprise Alpiq à annoncer qu’elle était prête à vendre certains de ses barrages…
Alpiq veut céder la moitié de ses barrages – Le Temps
Dans le même temps, les redevances versées aux cantons sur le territoire desquels se situent les barrages sont en rediscutions. Les propriétaires de barrages, sur la base de la situation très difficile du marché avec des prix d’achat très faibles, souhaitent diminuer fortement ces versements. Les cantons Alpins, dont le Valais, se sont exprimés fortement contre toute baisse de ces redevances hydrauliques. Les cantons alpins défendent chèrement la redevance hydraulique – Le Temps
La situation semble bien sombre pour l’hydro-électricité suisse, mais quelques signes positifs sont à relever :
– En votant en faveur de la stratégie énergétique le 21 mai, les Suisses ont accepté de soutenir leurs barrages tout en abandonnant le nucléaire. Parallèlement certaines pressions politiques sont en cours pour que les pouvoirs publics soutiennent encore plus fortement le secteur.
– Alpiq a finalement décidé d’abandonner son idée de vendre ses installations hydrauliques. Celles-ci vont donc rester en mains suisses, mais cela signifie aussi qu’Alpiq n’a peut-être pas trouvé d’acquéreurs au prix demandé…
Alpiq renonce à vendre une partie de ses centrales hydroélectriques – Le Temps
– Les projets hydrauliques ne sont pas tous bloqués. Par exemple, la centrale de pompage-turbinage des Forces Motrices Hongrin-Léman à Veytaux (près de Villeneuve) vient d’inaugurer deux nouvelles unités de production qui permettent de doubler la puissance. Même si le projet a vacillé face à la situation du marché, il a quand même été mené en grande partie à terme.Energeia – n° 3/17
Les années prochaines seront cruciales. L’énergie hydraulique saura-t-elle résister à court terme à la pression du marché ? Ce serait souhaitable car beaucoup d’analystes pensent que l’hydraulique a de l’avenir. En effet, les barrages restent la seule manière vraiment efficace et à grande échelle de stocker les surproductions d’électricité De plus, toutes les sociétés productrices d’électricité en Suisse ne sont pas dans les chiffres rouges. Les distributeurs locaux, qui disposent entre autres de beaucoup de clients captifs sont moins touchés par ces distorsions du marché.
MR&LM