Production et consommation suisse d’électricité

Il est courant de dire que la Suisse a une électricité d’origine hydraulique à 60% et nucléaire à 40% .

Ceci est juste mais ces ordres de grandeur concernent uniquement la production d’électricité en suisse et non la consommation.

En effet, la Suisse échange son électricité avec ses voisins :

  • Elle en vend un peu près autant d’électricité qu’elle en importe.
  • Elle vend souvent aux autres pays de l’électricité chère car produite aux heures de pointe grâce aux barrages.
  • Elle achète aux autres pays de l’électricité à bas prix la nuit pour, par exemple, repomper de l’eau en haut des barrages (pour la turbiner ensuite aux heures de pointe et vendre de l’électricité à bon prix).

Mais alors, quelle est l’origine véritable de l’énergie électrique que nous consommons ?

Et bien on n’en savait rien jusqu’à très récemment…

Heureusement depuis 2006 les fournisseurs d’électricité ont l’obligation d’annoncer l’origine de l’énergie qu’ils distribuent. Ils ont même mis sur pied un site Internet qui permet de rechercher par commune ou distributeur d’électricité l’origine de l’énergie fournie de façon standard.
http://www.stromkennzeichnung.ch/fr/recherche.html

Là où le bât blesse c’est que les données fournies peuvent être très incomplètes.

Par exemple, Romande-énergie annonce :

  • Energie renouvelables : 23,09 %
  • Energies non renouvelables : 1,14 %
  • Agents énergétiques non vérifiables : 75,78%

Il semble donc que lors des échanges d’électricité l’origine de celle-ci n’est généralement pas connue ! Il est fort à parier qu’une majorité des 75% d’électricité non vérifiable provienne d’autres pays dont la production est majoritairement non renouvelable (nucléaire, charbon).

En 2009, la Confédération a annoncé les chiffres suivants pour l’ensemble de la consommation suisse :

  • Nucléaire : 41 %
  • Hydraulique : 36 %
  • Déchets et nouvelles énergies renouvelables : 2%
  • Invérifiable : 19%

Ceci démontre que dans un monde interconnecté, nos consommations d’électricité sont moins « propres » que généralement envisagées.

D’un autre côté, la Suisse doit viser une production renouvelable qui couvre le maximum de sa consommation. Elle ne peut pas imposer à ses voisins des types de production. En ce sens parler de 60% d’hydraulique et 40% de nucléaire reste toujours valable car c’est ce que nous pouvons maîtriser.

Par contre, il faut garder à l’esprit que nos économies d’électricité concernent en fait un pourcentage beaucoup plus élevé d’énergies non renouvelables, pas loin probablement de l’inverse de la production soit 60% de non renouvelable et 40% de renouvelable.

Cela pose aussi la question de la manière dont on doit évaluer le caractère écologique de certains appareils. Quelle est l’origine de l’électricité à prendre en compte (production ou consommation) pour évaluer la pompe à chaleur ou la voiture électrique ? Selon l’optique choisie, le bilan écologique peut être très différent, voir opposé.

La seule façon d’être certain de l’origine renouvelable de l’électricité que nous consommons, même si c’est virtuel, est de conclure un abonnement « vert » ou « bleu » avec son fournisseur d’électricité. Par exemple à Genève, l’abonnement de base est hydraulique. Les SIG n’annoncent d’ailleurs aucune origine inconnue (88,5% de renouvelable et 11,5% de non renouvelable sous forme de gaz naturel).

Annonce en 2009 par Confédération
Article du Temps  : D’où vient l’électricité que vous consommez?