Les BKW (Forces Motrices Bernoises) ont annoncé la fermeture définitive de la centrale nucléaire de Mühleberg pour 2019.
Il semble que les arguments économiques l’ont emporté. En effet, les travaux d’assainissement nécessaires pour prolonger la durée de vie de la centrale n’auraient pas été rentables dans un contexte où l’électricité est bon marché. D’un côté les coûts pour la sécurité des centrales nucléaires augmentent toujours plus suite à Fukushima et de l’autre le développement massif de l’éolien et du photovoltaïque allemand apporte une concurrence qui fait baisser les prix.
Il est important de rappeler que Mühleberg ne représente actuellement qu’environ 5% de la production d’électricité en Suisse. Néanmoins, c’est la première centrale nucléaire suisse mise à la retraite, ce qui soulève les questions suivantes :
– Mis à part de belles paroles, sera-t-on capable de compenser la perte de production de cette centrale par une production renouvelable et des économies d’énergie ?
– Si les investissements nécessaires ne sont pas faits et que l’on se contente d’importer de l’électricité étrangère, notamment provenant des centrales au charbon, que fera la Suisse quand les autres centrales nucléaires seront également mises à la retraite dans quelques dizaines d’années? (c’est 35% de la production d’électricité suisse qu’il faudra alors compenser !)
– Pourra-t-on vraiment démanteler cette centrale et les sommes mises de côté à cet effet seront-elles suffisantes (ce dont doutent nombre d’observateurs) ?
Selon un article du Temps, les BKW annoncent que pour compenser la perte de production de Mühleberg, ils vont investir à l’étranger, notamment dans des centrales au charbon. Ceci est en complète contradiction avec la politique du Conseil fédéral qui souhaite une sortie du nucléaire par le développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
Derrière cette prise de position, il y a probablement la volonté d’affirmer que la politique énergétique de la Confédération est irréaliste. C’est peut-être aussi une tentative pour réhabiliter le projet de construction de nouvelles centrales nucléaires en Suisse. Le Royaume-Uni a d’ailleurs décidé récemment de construire deux nouveaux réacteurs EPR sur son territoire (voir post ici). Il est vrai que la solution nucléaire est la plus simple à mettre en place. Décentraliser la production d’énergie, gérer une production fluctuante (soleil, vent) et réellement baisser nos consommations est beaucoup plus téméraire et complexe à réaliser. Avec le nucléaire on a une garantie de production, mais cette « facilité » de mise en place est-elle suffisante pour justifier les risques, même limités, que cette technologie nous fait prendre (accidents, déchets)?